Editeur: Game Mill Publishing
Année: 2003
Support: PC
On ne va pas y aller par quatre chemins, le jeu qui va être passé au crible aujourd’hui ne mérite même pas l’appellation de « jeu vidéo », tant il s’agit d’un jeu qui ne mérite pas d’exister.
Les jeux de course de camions sont rares dans le monde du JV, et quand on voit la qualité des quelques jeux qui osent sortir (en général sur PC), c’est souvent plus que douteux. En 2003, les développeurs russes de Stellar Stone décident de sortir un nouveau jeu sur le thème des courses de camions, avec Big Rigs: Over the Road Racing, et même s’il faut manger pour vivre, il ne fallait peut-être pas sortir ce jeu… Ou alors après encore une année de développement.
Bigs Rigs: Over the Road Racing n’est pas un jeu, c’est pire que ça: si je devais le définir, je dirai qu’il s’agit d’un truc pas fini fait par des personnes sous ecsta pour faire rire les copains de bar. Sinon, il s’agit d’un jeu de course de camions où il faudra gagner des courses en passant par des checkpoints (leur nombre est symbolisé par un marqueur qui passe au vert en haut à gauche de l’écran), avant de franchir la ligne d’arrivée avant votre adversaire. Vous devrez faire cela dans 5 courses avec, au choix, 4 poids lourds. Pour le reste… Bah on a fait le tour en fait. Et oui, vous vous attendiez à quoi? Un Gran Turismo version 7,5t? Fallait quand même pas rêver hein!
Le jeu se joue seul, pas de mode multi avec écran splitté, vous serez seul face à cette attrocité. D’un côté, qui d’autre voudrait s’essayer à ça?
Il faut dire que lorsqu’on lance le jeu, on comprend très vite pourquoi: hormis le fait que les graphismes soient pauvres et même assez mauvais (et encore, c’est peut-être ce qui sauve le jeu, c’est dire), vous remarquerez au départ que votre adversaire ne bouge pas. Non, vous ne rêvez pas, vous pouvez faire votre tour tranquille et en revenant, il n’aura pas démarré. Il ne s’agit pas d’une version pirate pour vous faire gagner, mais bel et bien de la version commerciale du jeu! Bon, on continue. Vous remarquerez aussi que si vous passez sur la route, sur l’herbe, sur les montagnes ou sur quoi que ce soit d’autres, votre vitesse sera la même, elle baissera pas si vous tournez, si vous entrez en contact avec une maison… Pardon? Rentrez en contact avec quelque chose, dans Big Rigs? Impossible. Oui, j’ai dit impossible, tout simplement parce que le jeu ne dispose pas d’armature pour les éléments du décor, vous pourrez donc passer à travers des maisons, des barrières de sécurité, des lampadaires, et même des ponts (vous passerez alors en contre-bas, sans perdre de vitesse dans la montée)! D’ailleurs, continuons avec la vitesse: votre véhicule aura une vitesse de croisière d’environ 80mph, aussi bien en montée qu’en descente, vous comprendrez que les lois de la physique, même pour les 7,5t, étaient inconnues des développeurs. Mais essayez de faire une marche arrière… Et oui, le compteur n’est pas bridé pour la marche arrière, ce qui fait que vous pouvez aller à une vitesse infinie en marche arrière, même en tournant (si d’ailleurs, vous voulez vous faire vomir, faites une marche arrière en maintenant la direction de droite ou de gauche)! Vous pourrez d’ailleurs continuer très loin puisque les environnements ne sont pas fermés, ils sont définis mais vous pouvez en sortir et en revenir comme bon vous semble…
Et ce n’est pas tout: le jeu est rempli de bugs plus ou moins sympa, comme par exemple des tâches d’herbe ou de sable qui s’affichent sur la route peu de temps avant que vous rouliez dessus, la troisième route où vous devrez amasser 20 passages de checkpoints pour finir la course alors qu’il n’y a qu’un tour et qu’il n’y a que 10 checkpoints par tour, les checkpoints ne touchent pas le sol, les chiffres de temps et de vitesse dépassent de l’espace qui leur ait consacré… Bref, la liste est longue, et je n’ai pas non plus envie de passer dans la simple descente de jeu minable.
Un mot sur la conduite: tout simplement risible, on n’a pas l’impression de tourner quand on le fait, les freins n’existent pas (même en marche arrière on a l’impression d’être en roue libre) et pour ce qui est de l’impression de vitesse, je vous laisse relire un peu plus haut.
Pas de musique dans le jeu, si vous installez le patch du jeu (et oui, il y a eu un patch… pour le faire fonctionner sans problème sur XP), vous aurez les bruitages, ou plutôt le bruitage, celui de votre moteur, qui ne ressemble pas à un moteur de camion, ou alors à une version remixée sur un Atari ST.
Le jeu se termine en 15 minutes montre en main (vous aurez le droit à un écran « You’re winner! » pas très anglais, avec une coupe à trois branches… logique), et le replay value est inexistant, sauf pour faire voir à vos potes à quel point vous vous êtes fait berné en achetant un jeu pas fini au prix fort.
Verdict: sans être méchant… en fait si, en étant méchant, on pourrait dire que même si le développement du jeu aurait été terminé, et les bugs corrigés, Big Rigs: Over the Road Racing aurait quand même été un jeu sans intérêt et minable. Mais vu le produit final, on peut l’élever au rang de jeu culte… Si si, je vous assure, testez le vous verrez!
bigvilo