Éditeur: Coleco Industry
Année: 1984
Support: ColecoVision
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un temps, que les moins de 38 ans ne peuvent pas connaître. Pourquoi remonter à si vieux? Parce qu’il fut un temps où les États Unis dominaient le monde du jeu vidéo à grand coup de consoles à cartouches limitées, à RAM faible et à intérêt plus que limité. Je vous fais faire un bon en arrière, à l’époque de la Préhistoire du jeu vidéo, une époque où les reines du marché s’appelaient Atari VCS, Intellivision ou encore ColecoVision; oui, je vous ramène dans la deuxième partie des années 70, où on branchait les consoles sur la prise antenne et où il fallait faire une recherche de canal avant de pouvoir commencer à jouer.
La belle époque? Pas sûr. Cette époque fut propice à la sortie de jeux en tout genre (y compris des jeux… olé olé), souvent cher et au gameplay et à la replay value frisant le ridicule. C’était moche, pas intéressant et pas très robuste, mais on s’en foutait, on jouait à Donkey Kong à la maison avec notre cartouche à 600 francs. Le marché était inondé d’adaptations de jeux sortis sur borne, de jeux dérivés de films ou autres licences populaires, souvent tournés dans le mauvais, faute de capacités techniques intéressantes. Et tout ça nous mena au crash des jeux vidéo de 1983…
Mais fini la partie historique, intéressons nous maintenant a un exemple de jeux qui sortaient à l’époque. Bien sûr, vous vous doutez bien que je ne vais pas choisir le meilleur jeu de cet époque, mais l’un des plus inintéressants, même en son temps: Cabbage Patch Kids: Adventures in the Park.
Sorti un an avant la fin de vie de cette console 8-bits (qui n’aura pas tenue plus de trois années), à l’aube de l’arrivée en masse des consoles nippones chez nous, Cabbage Patch Kids: Adventures in the Park est un jeu qu’on peut classer dans la catégorie «plate-forme/saut d’obstacle», essentiellement dédié aux jeunes filles (fait assez rare pour l’époque). Le jeu vous propose d’incarner la petite Anna Lee, rouquine beaucoup moins grosse que le laisse prétendre la jaquette du jeu (et accessoirement poupée pour enfants en bas âge dans la vraie vie), qui part en promenade dans le parc de Babyland General. Malheureusement pour elle, elle croisera sur son chemin divers obstacles qu’il faudra éviter afin de ne pas se faire bobo et d’atteindre la zone d’amusement tant désirée. Vous devrez en général sauter pour éviter le danger et passer à l’écran suivant.
C’est le moment de vous poser cette question: pourquoi? Pourquoi ai-je ressortir une console vétuste pour tester un jeu où l’issue du verdict est téléphonée? Et aussi: pourquoi? Pourquoi êtes-vous en train de lire ce test, derrière votre écran d’ordinateur? Je ne peux malheureusement pas répondre à la seconde question pour vous, mais je peux tenter de répondre à la première. Premièrement, cette console n’avait pas encore eu le droit à un jeu testé sur le site; j’aurais pu prendre un bon jeu mais… vous commencez à me connaître hein?!
Prendre en main une petite f… Et merde, ça va pas être facile d’écrire des trucs sur ce jeu sans qu’il n’y ait des esprits tordus qui interpréteraient mes mots de manière perverse.
Les jeux du genre ne sont pas les plus compliqués du monde: simple à prendre en main, avec seulement l’utilisation des touches de direction et un bouton pour l’action (ici, sauter avec la… p’tain!), il suffit juste de faire preuve de dextérité et de précision. Pour la dextérité, à vous de la travailler, mais la précision… Si vous ne connaissez pas la manette de la Coleco et l’inertie de l’héroïne (Anna, pas la drogue), vous ne pouvez pas comprendre ce que veut dire «précision» dans ce jeu. A croire que finalement, Anna n’est pas si fine que ça. Le personnage est assez lent à déplacer (sans doute à cause de l’âge du jeu, faut pas non plus dire que c’est une charrue sans roue), mais ce sont surtout ses sauts qui font le plus enragés: lent au possible, il faudra savoir faire preuve d’anticipation dans ses déplacements et prendre en compte la difficulté de l’obstacle (lianes, racines, abeilles, poissons…) pour ne pas se rater. Surtout qu’il suffit d’un pixel de trop pour que vous perdiez une vie… C’est bien triste d’en perdre une dans un parc d’enfants.
Vous l’aurez donc compris, la prise en main est LE problème de ce jeu, à tel point qu’on rage très rapidement, à finir noyée dans une flaque d’eau, assommée par le claquement de la queue… d’un poisson ou encore victime d’un pétage de cheville en règle en glissant d’un plot haut de 35cm. Et autant vous le dire, c’est très très très très très très frustrant, au point que vous aurez sans doute ragé avant de finir le premier niveau (composé de dix écrans, comme tous les autres niveaux [il y en a minimum quatre]). Dire que le public ciblé est composé de petites filles qui veulent jouer à la console de tonton… Quand on le regarde aujourd’hui et qu’on l’a testé pendant une bonne demie-heure, on se dit qu’il est plutôt destiné aux hardcore gamers et/ou masochistes. Car il faut aimer se prendre la tête et être stressé quand on joue pour apprécier ce jeu, même en utilisant les savestats à gogo sur émulateur.
Et puis surtout, pour la santé de tous, baissez le son dès le début, que vous ne puissiez pas entendre la musique du diable! Oui, la musique composée de différentes variantes de bips va vous donner un mal de crâne qui vous rappellera celui que vous avez eu lors du compte-rendu du voyage en Honduras de votre belle mère. Oui, ça fait mal. Et puis il en est de même des bruitages, notamment ceux des poissons lorsqu’ils sautent de leur flaque (oui, faut pas abuser, y’a pas des mares d’eau au milieu d’un chemin en béton, même dans une forêt). Bref, vous n’aurez jamais été aussi content de mettre le son à zéro.
S’en prendre aux graphismes pour un jeu de cette époque, qui plus est sur console de salon, serait comme jeter de l’huile sur le feu. Mais honnêtement, quand on voit les screens et qu’on compare à ce qui se faisait à cette époque sur Atari 2600 par exemple, c’est le jour et la nuit. Ici, y’a du détail, du fond et même des ombres! Alors peut-être qu’Anna a un faciès assez… cocasse, mais il faut avouer que ce n’est pas trop mal. Mais sinon c’est clair que pour aujourd’hui, on classerait le jeu dans du pur basique, laid et arriéré. Mais je ne le ferai pas.
Il en va de même pour l’histoire: une petite fille part toute seule dans un parc pour s’amuser et va trouver un chemin semé d’embûches, qui seront en fait la base de son amusement. Mouais, j’ai connu mieux; mais à cette époque, comme vous le savez, on ne cherche pas à faire des scénarios compliqués et complexes, juste du fun immédiat. Bon, pour le fun, on passera sur ce coup…
Pour ce qui est de la durée de vie, si vous le faites en ligne droite sans perdre (espèce de cyborg), le jeu peut se plier assez rapidement, sachant que chaque niveau est composé de 10 écrans dont deux ou trois où il n’y a aucun danger. Si vous y jouez comme je l’ai fait, avec tous les fails et autres retours au début plus qu’énervant, vous resterez bien trois quarts d’heure / une heure dessus avant d’espérer en voir le bout. A noter que vous pourrez tenter le jeu avec différents modes de difficulté, et éventuellement en mode deux joueurs au tour par tour, si vous connaissez d’autres masochistes.
Verdict: le monde du jeu vidéo est à l’origine fait pour proposer du divertissement, alors pourquoi proposer de la torture dans Cabbage Patch Kids: Adventures in the Park?
bigvilo
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