Éditeur: Acclaim
Année: 1995
Support: Sega Saturn
Les vieux de la vieille et les amateurs de musiques rock connaissent sans aucun doute le nom d’Aerosmith, groupe légendaire des années 70 et du début des années 80. Ils reconnaîtront aussi sans souci des titres comme Walk This Way ou Draw the Line. Et durant la deuxième partie des années 90, ce groupe américain a inspiré aux développeurs de Midway un jeu. Oui, un jeu. Les début de la licence « Guitar Hero »?! Une simulation des effets de la drogue sur le corps humain? Un jeu de gestion de concerts comme on aurait pu en trouver chez Maxis? Non, bizarrement, ce n’est rien de tout ça. Ils ont réussi à nous pondre un jeu de tir sur une licence qui ne laissait absolument pas présager cela. Mais rassurez vous, ce n’est pas non plus un ersatz de DooM ou un jeu de vaisseau à la R-Type; non, on tombe devant un rail shooter où le son sera notre allié dans Revolution X.
Los Angeles, le 11 novembre 1996. Le célèbre groupe de rock Aerosmith doit faire un concert au Club X, mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. Le monde est sur le point d’être totalement contrôlé par un groupuscule aux idées totalitaire, la Nation de l’Ordre Nouveau (la NON), alliance entre l’État et les grosses compagnies mondiales. Ce groupe, mené par la délicieuse mais non moins dangereuse Helga, a pour bu d’arrêter toute festivité tout en rééduquant la jeunesse dans des camps au Moyen Orient et en les droguant pour en faire de nouveaux soldats. Il ne reste qu’à vous d’arrêter cette armée d’hommes en cuir jaune afin que la musique et Aerosmith puisse à nouveau retentir dans le monde entier.
Le décor est jeté, et l’action commence bien avant l’enlèvement du groupe, en fait elle commence quand vous vous dirigez vers le club, lorsque vous vous trouvez confronter à des hélicoptères et autres chars d’assaut. Mais comment faire pour éradiquer les méchants? Comme le veut le slogan du jeu: la musique sera votre arme. Vous trouverez différentes armes au son sonique et lancerez quelques CD de musiques populaires pour neutraliser vos ennemis qui ne peuvent supporter le dernier album des Backstreets Boys. A vous maintenant de tirer sur presque tout ce qui passe à l’écran pour ne pas perdre de vie et stopper la NON.
Pour jouer à Revolution X, il ne vous faudra pas plus de deux boutons en plus des flèches, forcément: le bouton A permet de lancer des CD que vous aurez ramassé par terre, B pour tirer avec votre arme principale, et c’est tout. D’un côté, le jeu doit normalement se jouer avec un gun, donc il n’en faut pas plus. On est tous d’accord sur un point: le rail shooter ne peut s’apprécier réellement qu’avec un flingue faisant office de manette, tel que l’on peut voir sur les bornes dédiées des jeux du genre. Alors jouer à la manette comme c’est le cas ici… C’est juste lent et injouable. Bouger un curseur sur un écran pour pouvoir tirer fait perdre un temps fou, donc les ennemis peuvent se barrer de l’écran et/ou nous tirer dessus sans que l’on puisse empêcher l’arme de nous atteindre. Alors imaginez avec une manette de Megadrive ce que ça peut donner…
Vous devez vous demander «pourquoi la version Megadrive? Pourquoi pas la version PC, Saturn ou Playstation?» Tout simplement parce que cette version là de Revolution X est de loin la plus mauvaise, en tout point de vue. Commençons pour une fois avec la bande son et autres bruitages et voix digitalisées (on parlera des graphismes plus tard). On se dit qu’avec Aerosmith dans le roster de l’équipe du jeu, on va avoir droit à de superbes musiques du groupe, donc quelque chose qui bouge et qui est dans l’ambiance «je tire sur tout le monde». Mais n’oubliez pas qu’on est sur la version Megadrive, pas très réputée pour son chipset son. Et sans grande surprise, les musiques sont atroces, ne ressemblent à rien ou alors à une succession de gaz sortant de l’arrière train des sbires d’Helga. Les bruitages sont énervants, surtout que vous resterez sans nul doute appuyer sur B pour tirer vu que les munitions de base sont illimitées, et c’est sans doute ça le pire, le bruit des tirs: on entendait ce genre de bruitage au début de la console, mais là on est en 1995! Bref, passons pour dire que vous entendrez aussi des voix digitalisées des membres du groupe, et sans grande surprise, c’est une bouillie de son en midi, et c’est moche et presque incompréhensible même pour un anglophone. Du grand n’importe quoi.
Pour ce jeu, ne vous attendez pas à des graphismes en pseudo 3D ou avec une impression de profondeur incroyable. Non, si c’était le cas, vous vous êtes trompés de jeu! Les décors possèdent pas mal de détails c’est vrai, mais sont globalement basiques et répétitifs, avec des couleurs pas géniales (même si il est vrai qu’on est en période de guerre). Quant à l’impression de profondeur, notamment dans les zones où vous avancez automatiquement après des salves d’ennemis, vous découvrirez qu’elle juste caricaturale quand on voit que les ennemis se déplacent sur les éléments du décor.
Vous découvrirez des ennemis bien moches et finalement peu nombreux dans chaque niveau. Alors je m’explique sur le peu nombreux: il y a différents types d’ennemis dans un niveau, avec une puissance, des armes et une résistance propre. En ne comptant pas le boss, vous aurez le droit en général à pas plus de trois types d’ennemis différents par niveau, ce qui est peu. Même pas de swap color pour donner l’impression qu’il y en a plus que ça! On peut quand même saluer les efforts faits pour les boss qui ne sont pas trop trop dégueulasses (sauf le crâne en matière visqueuse mais au sens propre) et bien pensés en fonction des zones.
L’histoire est assez originale pour une fois, on ne tombe pas sur une ville infestée de zombies ou des missions para-militaires contre des terroristes qui veulent faire chanter le gouvernement. Non, pour une fois, on est un fan de rock qui doit sauver son groupe préféré et accessoirement la jeunesse et la liberté dans le monde, tout en neutralisant un groupuscule formé de l’État, de grosses compagnies mondiales et d’un leader féminin charismatique à forte poitrine. Ça change, c’est sympa, et finalement c’est bien mené: on commence à L.A. à pied, pour passer en avion et se rendre avec la voiture privée du groupe au Moyen orient, en Amazonie ou dans le Pacifique pour neutraliser les bases ennemies. Bon, oui, le coup de la voiture est un peu farfelu.
Le jeu possède trois modes de difficulté, allant (en théorie) de facile à difficile. Mais quand on lance une partie en mode facile, on se rend compte que l’aspect attrape-pognon des bornes d’arcade reprend le dessus: quelque soit la difficulté, les objets pour regagner de la vie sont rares, les ennemis vous touchent régulièrement sauf si vous faites preuve d’une dextérité qui rendrait jaloux un Jedi et les continues devront pleuvoir pour avancer dans l’aventure. Heureusement, ces derniers sont en grand nombre (une vingtaine), du moins pour le mode Facile (je n’ai vraiment pas envie de tester les autres modes de jeu). Donc oui, ce sera chiant de devoir essuyer des échecs cuisants, parfois même quand il n’y aura plus d’ennemis à l’écran (les tirs à retardements… faut croire qu’il y en a), mais vous pourrez continuer. Et c’est pas plus mal…
Le jeu n’est pas particulièrement long, et possède même une bonne durée de vie pour un rail shooter, notamment grâce à son mini-labyrinthe que vous découvrirez après quelques niveaux. Les boss sont coriaces, de par leur mobilité, les projectiles qu’ils vous lancent (et qui devront être détruits si vous voulez survivre un minimum) et les différents points qui les composent qui devront eux aussi être détruits pour en finir avec ces saletés. Reste que cette longueur est limite énervante et stressante, car on a limite l’impression de devoir abattre une armée suréquipée.. Comment ça c’est ce qu’on doit faire??? En tout cas, ça fait diminuer la dose de fun qu’on peut avoir dans des niveaux d’environ 5-6 minutes comme on trouve en général dans les autres jeux du genre sur borne d’arcade.
Verdict: Revolution X ne fut pas une révolution pour le monde du jeu vidéo, ni pour celui du X d’ailleurs.
bigvilo
Rom:
http://www.gametronik.com/site/fiche/nimd/Revolution%2520X%2520%2528USA%252C%2520Europe%2529/