Éditeur:
ValuSoft Inc
Année:
2003
Support:
PC
C’est bizarre:
quand on sort le samedi après midi avec ses parents pour vous
quelques magasins de solderies ou faillitaires et qu’on file vers le
bac des jeux vidéo, on croise toujours les mêmes jeux qui
finalement nous font penser que sortir jouer au foot avec ses potes
n’est pas si mal. A moins qu’on aime les wargames, les MMORPG au nom
inconnu mais qui doivent bien avoir quelques adeptes en Moldavie ou
encore des FPS qui ont l’air plus emmerdant que défoulant. Alors
même si les jeux sont 0,95€, on les repose et on essaye de voir
s’il n’y a pas quelque chose pour le goûter.
Mais
admettons.. Admettons que vous sortez du magasin avec un jeu qui a
l’air potable pour le prix que vous venez de mettre dedans. Admettons
également que ce soit un FPS qui vous envoie en Irak dans la peau
d’un soldat américain sur les traces d’armes nucléaires. Ce jeu
serait sans nul doute Elite Forces: Navy SEALs
2… Pour votre plus grand malheur.
Elite
Forces: Navy SEALs 2 est certes la suite du
premier épisode sorti en 2002, mais c’est également un FPS de
piètre qualité sorti de la tête des développeurs de Jarhead
Games en 2003. Dans ce jeu sur PC sans mode
multijoueur (même en LAN), vous incarnez un soldat américain
partant en guerre en Irak, en Corée du Nord et au Pakistan, à la
recherche des armes chimiques détenues par les ennemis de l’Oncle
Sam, qui n’attendent qu’un mouvement d’oreille de Bush Jr pour les
lancer sur la population et sur les Yankees, c’est bien connu.
Accompagné de votre acolyte Al, qui est sans doute là pour vous
regarder faire comme un stagiaire, vous devrez neutraliser les
rebelles et trouver les fameuses armes.
Vous partez en
guerre avec votre bite et votre couteau (et accessoirement une arme
de poing et un fusil) contre des ennemis endormis qui seront surpris
de vous voir dans leurs bases secrètes ultra bien gardées. A vous
de faire régner la paix dans le monde en l’imposant… par la guerre
et le sang.
Sorti lors
d’une année qui n’a clairement pas révolutionnée le monde du FPS
(à part peut-être un bon XIII en
cel shading, le retour d’Hidden &
Dangerous dans un second épisode ou
l’apparition de la licence Call of Duty,
mais ça c’est dérisoire), Navy SEALs 2
ne fut pas l’épisode qui tira les titres vers le haut: il a plutôt
fait le contraire! Basé sur le moteur Lithtech
3D 2.5 comme Western
Outlaw (les connaisseurs savent de quel jeu
je parle et viennent de faire une syncope), c’est-à-dire l’un des
pires moteurs 3D de l’histoire, les calamités visuelles s’accumulent
alors qu’on est qu’à deux minutes de jeu! On commence par remarquer
l’aspect plus que basique des personnages et des ennemis, ou plutôt
de tous les éléments qui bougent (véhicules compris): leur laideur
n’a d’égal que la longueur du menton des frères Bogdanov,
en clair, plus basique tu meurs! Déjà que les ennemis sont
représentés de manière très clichée, voir limite raciste (les
opposants irakiens ont un turban sur la tête, une moustache bien
noire et une barbe de trois jours, les nord coréens ont un bouc et
des yeux bridés…), ils ne peuvent même pas se vanter de donner un
aspect réaliste au jeu visuellement, tellement les différentes
parties du corps se superposent et n’ont pas un aspect très humain!
Mais que dire de leurs déplacements: mis à part le fait qu’ils
peuvent se pencher sur les côtés pour vous viser si vous êtes
cachés, le reste relève du comique: pour faire un demi-tour,
l’ensemble du corps ne bouge pas, comme s’ils étaient montés sur de
petites plate-formes auto-rotatives! Les roulades de côté sont
aussi très drôles à voir, de par leur lenteur que par l’effort
qu’elles semblent demander au moteur graphique et à l’ennemi.
Les décors ne
sont pas en reste, avec un aspect plat et déjà vu depuis des
années. Certains effets, comme le bois des portes ou les feuilles,
donnent l’impression d’être fait par un jeune collégien qui utilise
Paint
pour la première fois, car coupés à la truelle (si si, c’est
possible avec un peu d’entraînement). Le rendu global reste dans le
cliché, avec des bases sans fenêtre dans le désert, des montagnes
sèches comme au Pakistan ou des jardins avec des arbres en fleurs
(!) en Corée. L’aspect est extrêmement basique et bugué, les armes
et parties du corps traversant les murs sans problème. On se
croirait devant le développement d’un jeu amateur fait à la
va-vite.
L’aspect
sonore est assez limité: les musiques étaient absentes de ma
version du jeu, et il me semble que c’est pareil pour tout le monde.
Au moins, l’immersion sera totale… enfin, presque.
Mais les
bruitages et autres voix sont belles et bien présentes, que cela
vous plaise ou non! Les cris ennemis restent dans l’esprit du jeu,
c’est-à-dire caricatural, sans oublier la répétitivité (une seule
phrase par groupe ennemi) qui vous fera passer du fou rire au rictus
nerveux. Et que dire des bruitages des armes, à part peut-être que
j’ai entendu plus réaliste dans des dessins animés. Mention très
spéciale à la mitraillette qui fait moins de bruit qu’un fusil à
bouchon.
L’IA est
totalement déplorable: certes, il y a trois niveaux de difficulté,
mais seuls les dégâts que vous prendrez seront plus ou moins
importants selon le mode, mais l’intelligence des ennemis et de votre
coéquipier ne changeront pas d’un poil. Ce dernier est dans les
choux du début à la fin du niveau, étant surtout là pour vous
bloquer le passage (ce qui arrivera assez souvent, provoquant
quelques bugs de position qui vous empêcheront de bouger et vous
forçant à relancer la dernière sauvegarde), se mettre devant vous
quand vous tirez et se faire tuer, ce qui impliquera dans la plupart
des niveaux, un game over. Les ennemis se sont sans doute levés
après avoir peu dormi, car leur temps de réaction est plus lent que
celui de Doc Gynéco
quand on lui pose une question, et pour peu qu’ils soient de dos,
vous aurez tout le plaisir de les finir au couteau. A croire que
malgré les coups de feu qu’ils entendent de plus en plus fort dans
leur base, il n’y a pas lieu d’être en alerte. Et expliquez moi
pourquoi, les trois quarts du temps, lorsqu’ils vous remarquent, on a
le droit à une petite roulade sur le côté! Sans compter qu’ils
visent aussi bien qu’un ivrogne qui tenterait de jouer aux fléchettes
les yeux bandés dans un bar sombre. Si vous vous faites toucher une
fois sur dix tirs, c’est exceptionnel, même à bout portant. Alors
je ne dis pas que vous ne vous ferez pas toucher, mais que leur
coefficient de réussite est ridiculement bas. Car à avoir des
ennemis aussi adroits qu’un manchot, on prend goût à se planter
devant eu pour les ajuster. Attention cependant aux quelques tireurs
de roquettes, qui, part l’impact provoquer par l’explosion du
missile, vous feront perdre pas mal de points de vie.
Comme vous
l’avez lu un peu plus haut, le scénario ne vole pas haut et sent
fortement le pro-américanisme à la limite de la xénophobie: dans
un futur proche, les gentils soldats US partent en guerre seuls
contre des rebelles loin de leurs vertes contrées afin de rétablir
la paix dans le monde, menacée par des armes chimiques (qui a dit
nucléaires?) chez les éternels ennemis du pays de l’Oncle Sam au
Moyen Orient et en Corée du Nord. On ne peut pas faire plus actuel
comme scénario, surtout que le jeu est sorti en plein dans la
période d’invasion des USA en Irak pour renverser Saddam Hussein,
qui aurait possédé des têtes nucléaires sur le sol de son pays…
Est-ce qu’il y a besoin d’en rajouter sur ce point?
Le jeu possède
une progression plus qu’ennuyeuse: la plupart du temps, on ne fait
qu’avancer en essayant de voir ce qu’il y a à faire sans se poser de
question, juste en tirant sur tout ce qui se pose sur votre passage.
Et le pire, c’est que ce n’est même pas défoulant! Comment ça
pourrait l’être quand les ennemis sont bêtes comme des ânes, que
les armes sont limitées (trois à chaque niveau, une seule qui peut
être choisie), que les ennemis peuvent résister par moment à un
chargeur de semi-automatique et qu’il n’y a aucun rythme apporté par
une quelconque ambiance sonore? On se demande quand est-ce qu’on aura
fini le niveau pour arrêter le massacre, qui peut durer un certain
temps (compter 6-7 heures pour finir le mode solo). Et bien entendu,
histoire que la blague soit encore plus grosse, pas de mode
multijoueur, vous risqueriez de dégoûter vos potes du jeu sur
ordinateur!
Verdict:
ça faisait longtemps que je ne m’étais pas mis sur un FPS sur PC,
Elite Forces: Navy SEALs 2
ne me donne clairement pas envie de retenter l’expérience.
bigvilo