[LOOSE TEST] South Park

Éditeur : Acclaim


Année : 1998


Support : Nintendo 64

J’adore South Park : son humour, son côté très décalé et politiquement incorrect, ses personnages principaux et secondaires charismatiques (qui ne connaît pas Cartman, Mr Garrison, Chef, Kenny ou Barbara Streisand?) ou encore sa modélisation made in feuille de papier (même si à l’heure où sont tapées ses lignes, cette époque est un peu révolution, le design est tout de même un peu resté). On est à l’opposé des Simpson et de ce faux côté rebelle (sans remettre en cause la qualité des épisodes de Matt Groening).


Mais ce que j’adore moins, c’est qu’il aura fallu attendre 2014 et Le Bâton de la Vérité pour avoir un jeu potable sur cette série, alors qu’elle a commencé en 1997. Qu’est-ce qu’on avait en attendant ? Un Mario Kart-like pas beau et injouable (avec ou sans Mme Herpès à l’écran), un party-game mêlant quiz et mini-jeux sans grand intérêt, et le jeu que je vais vous présenter aujourd’hui, tout simplement nommé South Park.

South Park est un jeu sorti fin 1998 dans nos contrées sur Nintendo 64 (et aussi sur PS1 et PC, mais ça, c’est juste pour la précision). Reprenant l’univers de la série de Stone et Parker, il s’agit en fait d’un… FPS ! A vous de contrôler Cartman, Stan, Kyle ou Kenny pour parcourir la ville, tout en arrosant toute forme de vie avec des boules de neige, de ballons ou d’autres objets aux effets… parfois inattendus.

Fin 98, on peut se dire que la 3D un peu spéciale de la N64 est enfin rodée pour les éditeurs tiers, et qu’ils peuvent enfin sortir des jeux décents sur cette console, sans faire de copier-coller de versions Playstation qui nous montrent clairement que la console CD de Sony est un en dessous techniquement (surtout quand on voit des Mario Kart, Ocarina of Time, Shadow of the Empire…). On peut juste se le dire, car Acclaim nous prouve que la facilité est toujours de mise avec la console de Nintendo. Et le résultat, c’est que South Park est moche, peut-être pas au même point que la version Playstation, mais reste en deçà de ce qui se fait en moyenne sur cette console. Alors oui, on reconnaît tous les héros et les zones emblématiques (le magasin d’armes de Jimbo, la Poste, l’école…) , mais c’est trop carré, trop coupé à la hache, et surtout, l’affichage des espaces de jeu est très très lent. Les ennemis sont un peu trop basiquement représentés (mis à part les dindons) et manque sérieusement de charisme. Enfin, les quelques parties « cinématiques » sont faites à partir du moteur du jeu, vous en déduisez très bien ce que j’en ai pensé. A noter que, même si ça ne se voit pas au premier coup d’œil, le jeu est en 640×480 si vous possédez l’Expansion Pak, ce qui est très rare à l’époque sur console.


 


Le gros avantage de ce jeu au niveau ce qui va sortir des enceintes de votre combiné TV et lecteur VHS, ce sont les doublages des personnages. En effet, pour ceux qui connaissent la série dans la langue de l’Oncle Sam, vous reconnaîtrez les véritables voix des héros en parka (qui sont celles des réalisateurs de la série). Et c’est bien le seul intérêt à laisser le son dans ce jeu, car si vous vous attendez ne serait-ce qu’aux musiques de la série, vous allez tomber de haut. Les boucles de musiques du jeu sont clairement mises à l’écart, étant de base réglées très basses dans les options, et ne méritant réellement pas d’être mises en avant tellement elles sont anecdotiques et ne reflétant pas l’action à l’écran. Pour ce qui est des bruitages, vous aurez très vite marre des dindes mutantes que vous trouverez au début du jeu, mais certains bruitages restent rigolos (sauf si vous êtes allergiques aux pets gras et fourbes sans doute issus du cul de Cartman), notamment la fameuse danse extra-terrestre en mode multi-joueurs (à vous de la découvrir avec un ami si vous n’avez jamais vu le premier épisode de la série). Bref, pas de quoi enlever la cassette de votre walkman après avoir mis la télévision en sourdine pour ne pas déranger les gens qui dorment chez vous.

L’histoire commence après la découverte d’une comète visible une fois tous les 666 ans (comme par hasard) et se dirige droit sur la petite ville de South Park, au Colorado. Le souci n’est pas le crash qu’elle risque de provoquer sur la ville, mais plutôt les changements de comportement qu’elle implique : des animaux mutants, l’arrivée d’extra-terrestres, des siamois difformes géants ou encore des jouets robots. Il semblerait que seuls les quatre garnements de la classe de CM1, Stan, Kyle, Eric et Kenny, ne soient pas au courant. Et pourtant… Ce sont eux qui vont devoir sauver la ville à la suite de différents concours de circonstances. Bref, un scénario digne de la série, avec des gosses qui vont vivre une aventure incroyable et hors du commun alors qu’ils n’ont que neuf ans et que rien ne les laissait partir là dedans (ou presque, la ville est un aimant à histoires rocambolesques). Malheureusement, par rapport aux épisodes animés, l’histoire n’a pas de vrais rebondissements hilarants, nous faisant découvrir des gags totalement inattendus au début de l’histoire. C’est assez dommage, l’histoire n’est pas si accrocheuse du coup, et reste plate et sans grand intérêt pour les fans et les joueurs lambdas.


 


Deux prises en main sont possibles pour ce jeu : la To-Rock, qui sera adaptée au gaucher, et la Yeux Marrons. La première ressemble à une prise en main pour gaucher, et essaye de se rapprocher de l’aspect PC du FPS. En effet, vous devrez tenir votre manette dans l’autre sens, enfin, la main droite au milieu et la gauche sur la gauche, au niveau de la croix directionnelle. La croix permet de se déplacer en avant et en arrière, et de faire des pas de côté, et le stick permet de bouger la tête ; une prise en main très PC donc, mais assez déconcertante pour un joueur de N64. Le tir se fait avec la touche Z, située derrière la partie centrale. Pour la seconde, on est dans une prise en main plus classique, le stick permettant d’avancer et de reculer, et aussi de tourner sa tête à droite et à gauche ; la croix numérique permet de faire des pas de côté et aussi de bouger sa tête vers le haut et le bas. Alors oui, avec ses deux prises en main, vous devrez tenir votre manette différemment, mais avec la seconde, c’est moins indispensable. Il n’empêche que c’est assez déconcertant pour les joueurs, car c’est bien le seul jeu que je connaisse qui utilise la manette ainsi.


Note : avec les boutons C, vous pourrez changer l’effet de l’arme que vous utilisez, et avec B vous pourrez changer d’arme. La gâchette de droite permet de sauter, c’est qui est inutile pratiquement tout au long du jeu.


Vous disposerez de plusieurs armes au cours du jeu pour vos attaques, avec les boules de neige (en nombre illimité, votre arme de base), des ballons de balle au prisonnier (que vous pourrez rattraper après rebond pour les économiser), des œufs (qui peuvent être ramassés en tirant sur des poules), et plus tard des poupées Phillip, un canon plasma extra-terrestre et quelques autres armes dont la puissance ira crescendo avec celle de vos ennemis. Les armes restent dans l’esprit de la série, leur prise en main est pratiquement semblable (sauf si vous les modifier, elles seront un peu plus lentes à activer) et il en est presque de même pour leur jet. Et ce dernier point n’est pas élogieux, du coup on a l’impression d’avoir toujours la même arme avec soi ; heureusement que la puissance et quelques effets une fois la cible touchée changent…

Le jeu n’est pas facile. D’une part, parce que la prise en main est spéciale (voir plus haut), mais aussi parce que l’IA est assez bien réglée et, même si les dégâts reçus ne sont pas énormes (du moins, quand on se prend un coup par un coup), les attaques de masse et la précision des attaques sont de mises. Les petits sbires pourront être neutralisés assez facilement avec un seul tir (attention cependant : n’étant pas non plus des physiciens, ces sbires fonceront automatiquement sur vous), que ce soit de boules de neige (avec ou sans pipi), de ballon, d’œufs ou encore de Phillip pétant au moindre choc, alors que les tanks, ennemis plus gros et plus puissants créant des sbires, devront vous forcer à sortir les armes plus puissantes et à les suivre un peu plus longtemps pour vider leur barre de vie.


 


Le jeu est assez long, comprenant cinq épisodes divisés en trois ou quatre actes, pour un total de dix-sept niveaux. Chaque acte possède une mission précise, même si il ne s’agit que d’un maquillage, car il faudra la plupart du temps aller à la fin du niveau en tuant tous les ennemis ou de battre tel ennemi à tel endroit. Vous pouvez bien entendu sauvegarder votre progression sur une carte mémoire et uniquement ainsi, il n’y a pas de code pour reprendre une partie plus loin, c’est qui est d’ailleurs fort dommage car assez peu de monde avait une carte mémoire pour N64 à l’époque. Il y a bien des codes que vous pourrez débloquer à la fin de chaque niveau, mais ils ne serviront que pour le jeu en multijoueur, permettant de débloquer des personnages de la série, comme Mr Mackey (m’voyez), l’officier Barbrady, Pip, Ike, Terrance, Phillip, Jimbo ou Wendy, histoire de réellement varier les plaisirs. Ce n’est pas de trop, car même si le jeu est jouable à quatre en même temps en mode duel, la prise en main et la répétitivité des arènes n’en font pas un jeu à avoir absolument pour jouer entre potes. Enfin, c’est quand même sympa de se faire quelques crasses en multi avec les personnages de la série.

Malgré son côté moyen (voir mauvais), le jeu fut assez populaire à sa sortie, avec des scores de ventes très intéressants et un score de location aux USA élevés, ce qui lui permis d’être adapté sur PC en Amérique du Nord, avec un mode multi en réseau. Cependant, le jeu a été très critiqué par la presse spécialisée, mettant en avant la platitude du jeu et de ses niveaux, l’ennui qui s’installe très rapidement dans le jeu. La version Nintendo 64 reste cependant supérieure aux version Playstation et PC (oui, j’ai pensé à ma santé oculaire et mentale avant de me lancer dans ce test!). Quant à Stone et Parker, ils seront assez déçus des portages de leur série par Acclaim, tout simplement parce que Comedy Central avait racheté les droits afin de faire un maximum d’argent sur la licence en sortant tout et n’importe quoi niveau jeu.

Verdict : plat et sans saveur, South Park nous donne envie de ressortir notre pack VHS du placard pour se refaire la première saison du dessin animé. Et il fait bien, ce sera sans doute plus amusant.

bigvilo

Retrouvez l’émulateur et la rom du jeu sur Nintendo 64 chez notre partenaire

Émulateur: http://www.gametronik.com/site/emulation/n64/

Rom: http://www.gametronik.com/site/fiche/niN64/South%2520Park%2520%2528Europe%2529%2520%2528En%252CFr%252CEs%2529/

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