Éditeur : Cryo
Année : 1999
Support : Playstation
Ca faisait très longtemps que le test d’un jeu me trottait dans la tête, mais à chaque fois je repoussais l’échéance car je n’ai vraiment pas envoyé de rejouer à ce jeu. J’ai eu le droit à quelques parties il y a quelques années, et elles faisaient parti des pires moments de jeu vidéo de ma vie, pire que de finir Paris-Marseille Racing 2 ou que de tenter la course d’orientation de Superman sur Nintendo 64. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il s’agit de la pire adaptation d’un film en jeu vidéo, et pas loin d’être le pire jeu vidéo des vingt dernières années haut la main.
Mais pour commencer, un peu d’histoire. La bande dessinée « Astérix et Obélix« , originellement créée par Uderzo et Goscinny, est connue de tous dans l’hexagone et même au delà des frontières vu le nombre de langues dans laquelle la série est traduite, et son succès et son humour ne sont plus à remettre en question. Bien qu’il y ait eu des adaptations en films animés par le passé (Le Coup du Menhir, Les 12 Travaux…), en cette fin de millénaire, tous les fans réclament un film, un vrai, avec le même humour et les mêmes délires qui enchantent petits et grands. Et bien en 1999, Claude Zidi a entendu les fans (et senti le filon) et décida de sortir une aventure originale : Astérix et Obélix contre César. Bien que les fans furent ravis, le grand public et les critiques ne furent pas exactement du même avis, le film étant court (même si vu le résultat, on en voulait pas plus), avec des effets spéciaux datés, un jeu d’acteur digne d’un film de série Z et une histoire pas franchement révolutionnaire.
Mais c’est pas grave, il y a marqué Astérix dessus donc ça va vendre, et qui dit vendre, dit adaptation en jeu vidéo, alors en plein essor chez nous. C’est ainsi que la même année dans nos rayons on put trouver Astérix et Obélix contre César… sur Playstation.
Astérix et Obélix contre César sur Playstation vous permet d’incarner Astérix ou Obélix dans une série de mini-jeux qui sentent bon l’ambiance gauloise (mais ne sent pas les cigarettes brunes qui fumaient nos grands parents). Au programme : tapage de poissons pas frais, cassage de rochers ou livraison de sangliers à domicile. A vous de tirer votre épingle du jeu pour mener à bien les objectifs imposés.
Vous vous attendiez à un jeu dont le charcter design et les décors seraient aussi bien réussis que dans les épisodes des gaulois en 2D ? Et bien remballez vos affaires, ça n’a rien à voir !
Tout d’abord, Cryo a fait le choix d’une 3D où la liberté de mouvement n’existe presque pas : on suit un chemin fermé à ses deux extrémités pour accomplir notre mission. Les décors en fond sont tout juste corrects, bien que manquant un peu d’imagination et de détails pour leur donner un peu plus d’âme. Village des irréductibles gaulois, forêt, place forte romaine… c’est sympa, mais assez basique dans la conception. Les éléments proches sont assez hideux, très pixélisés et taillés à la hache du forgeron, sans parler des éléments avec les lesquels on peut interagir, aux mouvements saccadés à mort, tout juste bon pour une Atari Jaguar… Et pour ce qui est des héros et des PNJ (enfin, ceux qui sont dans le décor), on est proche de la calamité : encore plus taillés dans le menhir, avec des animations indignes d’une Playstation et un physique qui fait penser que Godfroy et Jaquouille dans Les Visiteurs Le Jeu sont finalement pas si mal retranscrits… Seuls les quelques vidéos tirés du film (d’ailleurs, pas mal l’intro : une publicité pour le film qui sort en VHS, bonjour le coup de pub!) en faible qualité certes, peuvent relevés une barre bien en dessous du niveau de la mer.
Vous cherchiez de la musique, un petit air guilleret du barde ou un petit chant de vagabonds sentant bon une époque révolue ? Encore une fois, vous allez être déçu. Et oui, pour ce qui est de la musique, elle est inexistante (sauf dans les vidéos… encore une fois), j’ai eu beau chercher dans les options, rien. Mettez donc un bon petit vinyle en arrière fond, ça vous fera une bande-sonore de qualité !
Pour ce qui est des bruitages, c’est un peu limite pour tout ce qui des interactions, aussi bien au niveau des coups que des glissades. Malgré tout, vu que vous devrez exclusivement vous déplacer pour donner des coups de poing, il faudra être attentif pour savoir quand bouger (notamment des niveaux où il y a plusieurs points de lancement) et ainsi savoir où il faut partir. Subtil, n’est-ce pas ? Vous entendrez également quelques vois issus des véritables acteurs, pour vous annoncer quelques petits trucs pas franchement utiles (lorsque qu’on glisse ou qu’on se prend un truc sur la tête, tous les huit coups réussis au premier niveau…). Bref, sur ce point là aussi, les développeurs ne se sont pas foulés.
La prise en main et le gameplay sont juste à hurler de rire (ou à crier au scandale, c’est selon comment vous prenez le jeu) tellement ils sont limités et inintéressants. C’est simple : pour jouer aux mini-jeux, vous n’aurez besoin que des flèches de direction gauche et droite, et sans analogique ! Les actions, à savoir donner des coups de poing en général, se font automatiquement une fois que vous êtes en bonne position et que votre hitbox est encore située sous le projectile (sinon, vous vous ferez toucher et vous perdrez du temps pour aller vous replacer). Bon, je suis mauvaise langue, il y a quand même quelques interactions en plus, mais vraiment très peu : on peut par exemple sauter par dessus un poisson qui traîne pour ne pas glisser en courant dessus ou appuyer sur la flèche du haut pour servir un sanglier à la bonne personne, mais c’est bien tout. Mais la plupart du temps, il faudra anticiper ses déplacements pour ne pas perdre de temps car chaque faute est payée chère et vous condamnera à recommencer un niveau énervant. Pas de gameplay riche, pas de grain de folie dans une éventuelle prise de risque pour accrocher le joueur, non, rien.
Pour ce qui est de l’histoire, je ne dirai même pas qu’elle reprend celle du film. En effet, à part une pub pour la VHS avant de pouvoir commencer à jouer, et un extrait issu du film (et d’autres qui viendront s’implémenter dans le jeu une fois les niveaux terminés), la licence du film n’est qu’un prétexte pour les décors et les personnages utilisés dans le jeu. On aurait presque pu mettre la licence du Dîner de Cons que ça aurait été la même chose (ah bon, il a pas de prénom?!) ! On part juste du village des irréductibles gaulois et petit à petit, on se rapproche d’un camp de romains toujours aussi mauvais qu’à leur habitude. Et prendre Astérix ou Obélix pour accomplir les missions ne change pas grand chose à l’histoire.
En mode facile, le jeu ne l’est pas forcément. En effet, vous avez des objectifs à chaque niveau et si vous ratez trop de choses, le niveau s’arrêtera avec une petite animation (et vous pourrez recommencer à ce niveau là bien entendu). Le premier niveau, en plus d’être totalement rasoir, est assez dur si vous n’anticipez pas assez certains déplacements, notamment ceux vers la gauche à partir du vingtième lancé de poisson, vous glisserez à coup sûr. Les niveaux suivants sont tout aussi rasoirs, mais vous perdrez moins de parties et de temps, peut-être parce que vous serez plus entraîner. A part ça, le jeu dispose de deux autres niveaux de difficulté, normal et difficile. Je vous les recommande chaudement si vous êtes masochiste au plus haut point.
Le jeu se compose de sept niveaux ayant chacun leur univers et leur objectif. Bien souvent, vous répéterez les mêmes opérations mais de manière déguisée (entre taper du poisson dans le premier niveau et taper des rochers dans le troisième, la différence n’est qu’esthétique). Au final, si vous avez compris le principe des mini-jeux assez rapidement et que vous jouez en mode facile, le jeu pourra se finir assez rapidement. Et ce n’est pas plus mal si vous voulez éviter de trop vous prendre la tête avec ce jeu, car le mode difficile est réellement infernal, mais pas dans le bon sens du terme, car le stress vous envahira, couplé à la frustration, l’énervement et l’envie de tout casser autour de vous. Si vraiment, vous n’avez pas la motivation de faire tous les niveaux dans l’ordre, le mode Challenge vous permettra de faire les niveaux dans l’ordre de votre choix, mais vous ne verrez pas les extraits de film du coup (et ce n’est pas plus mal). Et si vraiment vous aimez faire du mal à vos proches, sachez que vous pouvez faire les niveaux à deux pour prolonger un peu plus votre malheur. Arrêter ce jeu le plus rapidement possible est donc conseillé par la plupart des médecins traitants et des spécialistes en oncologie.
Verdict : j’ai joué à Astérix et Obélix contre César un jour de chiasse carabinée. Ne cherchez pas plus loin : ça vient de ce jeu.
bigvilo