Éditeur : THQ
Année : 2003
Support : Gameboy Advance
J’ai de moins en moins de souvenirs qui me viennent en tête quand je repense à l’an 2000 : pour dire, je me souviens à peine de la défaite de Calais en finale de Coupe de France, de l’accident du Concorde, la victoire de Geogre W. Bush aux présidentielles américaines ou encore la reprise de volée de David Trézéguet à Rotterdam. Le temps a passé depuis, et maintenant j’ai des cheveux blancs, je ne suis plus à l’école primaire (ça va en vieillir quelques uns) et j’ai à peu près toutes les consoles qui me faisaient baver à cette époque. Et je me souviens qu’en l’an 2000, je bavais plus particulièrement devant la Dreamcast, et presque tout ce qui s’y rapportait.
Et si un jeu me faisait vraiment de l’œil à cette époque, c’était bien Crazy Taxi : des graphismes fluides et magnifiques, du fun du fun et du fun, et un principe juste génial : on doit amener des gens dans son taxi, conduire comme un taré pour gagner des pourliches et recommencer pour continuer à jouer ! Ce jeu a eu un énorme succès en arcade et sur la dernière des consoles de Sega, qui malheureusement n’aura fait qu’un passage éclair dans le troisième millénaire. Et par la suite, on retrouvera pas mal de jeux de la Dame Blanche sur d’autres consoles (une hérésie bien entendu), avec Chu Chu Rocket sur GBA, SoulCalibur sur les consoles de salon ou encore le fameux Crazy Taxi également sur ces consoles. Mais le pire des affronts restent une sortie sur Gameboy Advance, sans être édité ni développé par Sega, de Crazy Taxi avec le sous-titre Catch a Ride.
Crazy Taxi : Catch a Ride est un jeu de course arcade sorti à l’été 2003 sur Game Boy Advance. Dans ce jeu, votre but sera d’amener des clients souhaitant se rendre d’un point A à un point B de la ville le plus rapidement possible. Et pour cela, tout est permis : conduite au ras des autres véhicules, hors piste, sauts avec votre véhicule et même dérapages. C’est même conseillé, si vous voulez augmenter vos revenus rapidement en plus de votre course. Vous pourrez également tenter quelques défis de conduites en dehors de la ville, dans la Crazy Box.
Même si elle a fait l’effet d’une petite bombe à sa sortie, la GBA a vite montré ses limites, étant une « simple » SNES portable montrant assez vite ses limite lorsqu’il s’agit de proposer de la 3D. Eeeeeeet… pour rester poli, on va juste dire (ou presque) qu’adapter le Crazy Taxi de la Dreamcast au plus proche possible de l’original était un projet beaucoup trop ambitieux pour une si petite console. Graphismes très peu détaillés, clipping de la mort qui tue, aliasing pire que les premiers jeux 3D sur PC… au point que tout ça mélangé, la pilule de paracétamol vous appelle au bout de dix minutes de jeu. Alors n’essayez même pas d’y jouer dans les transports ! La conduite s’en ressent, si on arrive vite on se prend pas mal de véhicules ou de murs, quand on n’est pas en train d’hésiter pour savoir si ce qu’on voit même pas à une centaine de mètres devant nous doit être éviter ou pas, et au final on finit dans le mur. On oublie également les persos animés en 3D lors de l’écran de sélection, on a juste la voiture qu’on conduira, même pas animée… Et encore pleins de petits points qui nous font détester ce qu’on voit : une animation de la voiture sur la route horrible, l’absence des magasins et autres grandes chaînes pour les arrivées des courses (enlevant une partie de l’âme de la ville) et très très peu de personnes dans les rues (seuls sont présents les gens voulant se déplacer, et encore bien peu par rapport à l’original). Vous l’aurez compris, se mettre du collyre ou une aiguille dans l’œil sera plus agréable pour votre vue.
Ce qui donnait une véritable âme, et qui a marqué bon nombre de joueurs dans Crazy Taxi, c’est sa bande-son. Qui ne se souvient pas de parties endiablées à faire d’énormes jumps avec sa caisse sur du Bad Religion ou une des dernières musiques de The Offspring ?! Le jeu a marqué beaucoup de points avec cette bande-son fraîche qui change de celles des autres jeux, avec des musiques aseptisées faites uniquement pour le titre. Mais dans la version GBA, on ne parle plus de pop-rock culte. Les développeurs ont quand même essayé de faire une bande-son qui bouge un peu, mais au final on a toujours l’impression d’entendre la boucle de musiques de dix secondes, et je crois bien que c’est le cas. Pour nous motiver et nous montrer que le client est content, on a toujours les voix du jeu et on arrive à comprendre parfaitement ce qu’elles nous disent ! De la voix d’accueil qui nous donne le nom du jeu jusqu’à l’arrivée des clients (la voix la moins discernable), on arrive à se prendre aux jeux, surtout que le jeu fait bien la différence entre filles et garçons, aussi bien du côté des chauffeurs (qui ont chacun leur voix originale) jusqu’aux clients. Enfin, pour notre engin, les bruits de moteur sont tout à fait corrects pour une version portable, du départ surpuissant aux crissements de pneus, en passant par les pourboires, rien est à jeter.
Petit changement dans la prise en main de Catch a Ride, qui plaira aux joueurs lambda : on ne se sert plus des gâchettes pour accélérer et freiner mais des boutons A et B, qui servaient auparavant à changer de vitesse (vous vous doutez que maintenant ce sont ces dernières qui ont ce rôle). Le jeu se rapproche des standards du genre, et la prise en main sur la console de Nintendo s’en retrouve que plus confortable. Mais ce n’est pas pour autant que le rendu à l’écran soit parfait, puisqu’on finira souvent dans le décor (ou dans une autre voiture) vu que les véhicules tournent beaucoup beaucoup trop, au point parfois de s’arracher les cheveux ; idem pour les freins, trop bons, qui nous feront nous arrêter beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait avec la vitesse qu’on tenait. Enfin, pour compléter tout ça, vous pourrez revoir votre destination (bien que maintenant on sait à combien de mètres on se trouve avec le chiffre indiqué à côté des vitesses) en appuyant sur Select, mais si on ne voit plus KFC ou Gap, est-ce que ça a de l’intérêt, en sachant que les zones d’arrêts sont bien visibles en rouge pétant ?
Vous pourrez toujours faire de super départs (enflammés cette fois, vu que niveau sensations de vitesse vous ne verrez pas trop de différence avec une vitesse « normale ») en jouant avec les marches avant et arrière au démarrage, des drifts bien que plus difficiles à faire qu’avec une manette, mais les développeurs n’ont pas rajouté cette superbe option qu’on pouvait voir dans deuxième opus sur console qui permettait de sauter (afin de faire de plus gros jumps et donc obtenir plus d’argent, mais aussi de prendre des raccourcis). Enfin, vous trouverez toujours le tutoriel déguisé qu’on appelle la Crazy Box, avec toujours les mêmes épreuves à faire pour débloquer la seconde ville une fois qu’elles ont toutes été réussies.
Dans Crazy Taxi : Catch a Ride, comme je vous l’ai dit plus haut, vous êtes un chauffeur de taxi, et vous devrez amener à bon port les clients que vous trouverez dans la rue. Banal, me direz vous. Mais ce que vos clients ne savent pas, c’est qu’une fois assis sur votre banquette en cuir, tout peut arriver, car on va dire que vous avez eu le permis « pour le sport » : le code de la route, la courtoisie et la bonne conduite ne vous sont pas forcément connus. En clair : vous devrez arriver à destination le plus vite possible, et pour cela vous pourrez faire du hors piste, rouler à contre-sens, dépasser allègrement les vitesses réglementées… Vous serez même encouragés par vos passagers, qui augmenteront leurs notes lorsque vous frôlez des véhicules, faites des sauts ou dérapez, et en les enchaînant, vous ferez des combos pour gagner encore plus d’argent. Mais un seul choc avec un autre automobiliste et ils vous le feront savoir, en cassant le fameux combo. Vous l’aurez compris, l’esprit de l’original est toujours là, et n’est malheureusement coupé que par une réalisation graphique médiocre qui fait que, parfois, on touche une voiture alors qu’on aurait pas dû selon ce que l’on voit, si ce n’est pas le contraire (et dans ce cas, on est content).
Vous pourrez faire vos armes sur deux villes (dont une à débloquer comme dit plus haut) avec à chaque fois quatre règles : jouer 3 minutes, 5 minutes, 10 minutes (peu importe si vous ratez des courses ou si vous n’en avez pas fini une à la fin du chrono) et jouer selon les règles de l’arcade, où vous devrez enchaîner les bonnes courses pour gagner du temps et rester en jeu : à chaque fois que vous récupérez quelqu’un, vous gagnez du temps, et à vous d’arriver le plus vite pour en grappiller sur ce qu’on vous a donné et en gagner si vous êtes rapide. Stressant, mais au final on peut jouer longtemps si on est bon.
Avec ses modes de jeu standards classiques mais efficaces si on passe outre les problèmes liés aux graphismes, à la musique et à la prise en main, on peut s’amuser quelques temps sur Catch a Ride. La Crazy Box permet de se faire la main si on ne connaît pas le titre, mais se révèle plus exigeante que sur consoles de salon. On arpentera la ville avec un petit plaisir inavoué, bien qu’on ne puisse plus autant se l’approprier comme avant avec ses points de repère que sont les grandes enseignes absentes et les remplaçantes moins visibles au milieu de tout ces pixels. Ensuite, à vous de vous donner de la difficulté avec les différents temps de jeu pour aller chercher le high score et la première place au classement.
Concrètement, si on regarde ce qu’il faut pour finir ce jeu, il faut compter une heure de try again sur la Crazy Box, 3-4 essais minimum pour chaque ville pour obtenir une première place et un rang S en mode arcade et le jeu serait terminé, donc peu de temps pour un jeu à 40€. Mais il ne faut pas oublier qu’à l’origine, il s’agit d’un jeu arcade, donc difficile lors des premières parties mais qui peut se finir avec un seul crédit, et donc plutôt rapidement par rapport à un jeu sorti uniquement sur consoles. Pour apprécier pleinement le jeu, il faut recommencer encore et encore le mode classique pour voir toutes les routes possibles, les raccourcis, les destinations en fonction des lieux… bref, tout ce que l’on peut optimiser pour gagner du temps et ainsi faire monter le plus de clients dans le moins de temps possible. Mais est-ce que vous aurez le courage revenir au moins une fois sur un titre si moche, c’est une autre histoire.
Verdict : même s’il garde le principe fun du jeu sorti trois ans auparavant, Crazy Taxi : Catch a Ride n’était pas attendu au tournant, heureusement d’ailleurs.
bigvilo
Emulateur: http://www.gametronik.com/site/emulation/game_boy_advance/