Éditeur : Atari
Année : 1993
Support : Lynx
Les héros de jeu vidéo étant des animaux sont assez légions sur nos consoles et ne datent pas d’hier : Sonic, Ecco, Bugs Bunny, Fox McCloud, Sam & Max, Kratos… Mais combien sont des singes ?! Finalement assez peu, on peut quand même compter les singes de Ape Escape qui ont eu le droit à des présences dans de nombreux jeux, et bien entendu tous les jeux estampillés Donkey Kong, le roi des singes sur consoles et arcade.
Le jeu dont nous allons parler aujourd’hui possède bien un singe comme mascotte, mais n’est pas aussi connu et n’a pas le même cachet que le dernier cité. D’un côté, vu qu’il est sorti sur la Lynx, la console portable d’Atari plus grosse qu’un Super Simon et surtout beaucoup moins connue et vendue qu’un Gameboy, assez peu de gens ont pu l’avoir entre les mains. Et finalement, ne pas avoir connu Gordo N°106 : The Mutated Lab Monkey à l’époque n’est pas une grande perte, et vous allez maintenant comprendre pourquoi.
Gordo N°106 : The Mutated Monkey Lab est un jeu de plate-forme/action sorti en 1993 sur Lynx. Vous y incarnez le petit Gordo, un singe dont le macabre destin est d’être utilisé par des savants de N. Human Inc. comme cobaye pour des expériences qui l’amèneront irrémédiablement vers la mort après d’atroces souffrances. Mais les expériences ont eu du bon : suite à un cocktail de quelques vitamines pas trop recommandées, Gordo dispose maintenant de l’intelligence maximum, lui permettant de s’évader, en emportant au passage tous les autres animaux pris en otage par les humains. Ce sera votre but dans ce jeu : évasion et sauvetage.
La Lynx, malgré un écran permettant de rendre quelques jeux d’époque avec une assez bonne qualité (mais pas au niveau d’une Gamegear), ne permet pas ici de faire profiter de sa puissance. Des graphismes peu inspirés, rappelant les productions 2D d’il y a déjà 5 ou 6 ans, ne mettent pas en valeur des décors pourtant diversifiés (laboratoire, fête foraine, magasin, centre-ville…) et des animations déjà assez pauvres. L’animation est assez lente, à la limite du ralentissement grossier même quand les sprites à l’écran ne sont pas nombreux, continuent d’achever un titre qui aurait pourtant pu être bien représenté avec un univers tel que le sien. Par exemple, ça peut paraître bête, mais la queue de Gordo ne bouge pas quand on avance ou quand on est à l’arrêt, et à part les jambes, rien ne bouge chez vos ennemis. Pour ce qui est des lancers de pommes, à peine mieux, un bras sorti de nulle part permet de lancer cette boule rouge sur vos ennemis, qui disparaissent immédiatement. Seule l’animation de mort de notre petit héros est sympa, et ça c’est pas cool.
Pour l’aspect sonore, là par contre la console n’est pas top ; alors si le jeu ne se dépasse pas pour sortir un bon son, c’est l’hécatombe. Et on en est pas loin. Les différentes musiques sont insipides, à la limite du désagréable, et ne resteront dans votre tête que pour vous faire mal au crâne. Et comme on pouvait s’en douter, si les musiques vont mal, les bruitages aussi, et reste dans l’anecdotique, voir le raté pour certains. De toute façon, vu l’autonomie de la console il faut proscrire de monter le son si on veut au moins faire une heure de jeu…
Le jeu se prend assez facilement en main, en admettant que vos mains soient adaptées à la taille de la console, même en version light. On se déplace naturellement avec les flèches, celle du haut permettant de déverrouiller les cages des animaux en se plaçant devant le cadenas de la cage. Ensuite, A permet d’attaquer en lançant une pomme (en nombre limité, 15 maximum, il faut ensuite en ramasser pour toujours en avoir) et B permet de sauter, on est sur de la plate-forme classique et finalement assez efficace. On peut regretter que certains sauts soient un peu bizarres, ayant tendance à ne pas aller assez haut ou assez loin par rapport à certains qu’on vient juste de faire. A noter qu’on peut pas sauter sur une table ou tout ce qui est au premier plan (par exemple, on peut sauter sur une cage quand on est au sol) quand on se trouve en dessous, on se cognera avec les étoiles qui tournent et tout, et on perdra un peu de temps. Alors c’est sympa, ça permet de rajouter un peu de réalisme, mais ça sera très vite énervant, car on perd pas mal de temps à se cogner et à attendre que notre petite créature revienne à ses esprits, alors qu’on a à peine toucher le coin de la plate-forme. Au lieu de prendre une casque, Gordo aurait mieux fait de prendre un casque !
Pour finir un niveau, il ne faut pas simplement aller d’un point A à un point B, compte du score et on passe au suivant. Non, il y a des objectifs à chaque niveau, bien souvent libérer toutes les créatures ou éliminer tous les ennemis. Et Atari nous a pondu un truc vraiment super pour nous faire comprendre que le niveau n’est pas fini : au lieu de bloquer l’accès à la sortie (symboliser par un panneau « Exit ») quand on n’a pas accompli tous les objectifs, on nous fait finir, on compte nos scores, et si ce n’est pas suffisant, on recommence le niveau ! Quand on ne connaît, on est un peu perdu et déboussoler (surtout si on a pu prendre un passage pour sauter une partie du niveau), et quand on a compris le principe après quelques ratés, on se dit que c’est du grand n’importe quand, surtout quand on ne sait pas où on a merdé… Et puis vous comprendrez que le menu de pause vous permet d’accéder à ce qu’il vous manque.
Vous l’avez compris en regardant le premier topo du jeu, l’histoire est assez originale, teintée de liberté et de la cause animale, notamment ceux qui n’ont que pour objectif de mourir dans d’atroces souffrances dans des laboratoires. Et quoi de mieux pour plaider cette cause qu’un animal de laboratoire qui s’enfuit de locaux humains en libérant tous ses semblables, et en faisant des pieds de nez aux différents humains caricaturaux que vous croiserez en route, comme les savants fou, les chasseurs, les dompteurs… Si seulement on avait quelques passages pour nous rappeler cette petite histoire, on serait devant une bien belle réussite sur ce point.
Le jeu n’est pas excessivement difficile : on a beaucoup de points de vie (16 au total) et quatre vies pour recommencer si on perd, la faute est donc légèrement permise. Les ennemis suivent un chemin prédéfini et ne chercherons pas forcément à vous attaquer, vous les verrez d’ailleurs bien souvent la première fois dos à vous. Un seul jet de pomme permet de s’en débarrasser, et rater l’ennemi demande une remise en question immédiate tellement il est facile de les toucher. Le souci, c’est bien souvent des sauts légèrement ratés qui vous feront tomber sur des pics ou du feu (selon les niveaux), vous enlevant beaucoup d’unités de vie d’un coup.
Lors des premières parties, le jeu pourra sembler très long, à savoir où se cache quoi et comprendre les objectifs des niveaux. Mais une fois qu’on connaît un peu les mécaniques du jeu et qu’on sait éviter les pièges, le jeu peut se faire assez rapidement, moins de trois quarts d’heures pour en voir le bout. Encore faut-il être motivé pour rester jusque là, et aussi avoir des piles bien neuves pour que la l’autonomie de la console tienne jusqu’à la fin.
Verdict : Gordo n°106 : The Mutated Lab Monkey partait d’une très bonne intention, notamment au niveau de son histoire, mais possède bien trop de défauts pour être mémorable. Et quand on sait que les piles coûtent cher, il vaut mieux privilégier de bons jeux sur la Lynx !
bigvilo