Éditeur : SunA
Année : 1988
Support : arcade
Les jeunes ils ne connaissent plus… Oui, vous avez le droit à cette phrase à presque tous les repas de famille avec les quadras, les quinquas, voir ceux qui ont tenus le coup plus longtemps, à propos de sujets archaïques qui n’ont plus leur place aujourd’hui. Mais les trentas ne parlent pas souvent de ce bon vieux temps, de ce temps où les jeunes allaient dans des salles en centre-ville ou au bar PMU du coin pour utiliser 2 ou 5 francs pour jouer à un jeu pendant trois minutes (faut pas se leurrer, ça ne durait pas plus longtemps bien souvent) dans des salles avec de nombreuses bornes de jeu. Aujourd’hui, ça paraît totalement dépasser, et, même si je ne suis pas trentas, mais je vais vous parler de ce temps pratiquement révolu où on jouait à des jeux bien au dessus techniquement de ceux qu’on trouvait à la maison.
Mais on ne trouvait pas forcément que des jeux au dessus de ceux qu’on avait sur console de salon (bon, faut voir en quelle année dans les 80’s), et on avait parfois la mauvaise surprise de se retrouver devant des jeux qui ne donnaient pas vraiment envie de mettre une pièce, surtout une fois qu’on l’avait essayé, comme par exemple Hard Head.
Hard Head est un jeu de plate-forme sorti en arcade en 1988 et développé par SunA (très connu ce SunA…). On y incarne Hard Head (et son frère jumeau si on joue à deux), qui va devoir parcourir 16 niveaux pour impressionner sa compagne, et taper dans un ballon de foot à chaque fin de niveaux.
En 1988, l’arcade est roi, les consoles de salon sont encore en 8-bit et sont donc un peu à la ramasse, en attendant que les petites sœurs des consoles japonaises sortent. Et dans les salles enfumées, on trouvait du Splatterhouse, Altered Beast et du Ghouls’n Ghost, donc des grosses pointures graphiques ; et Hard Head… on a l’impression d’être graphiquement sur une Master System. Non pas que je n’aime pas la Master System, qui est une très bonne console et d’ailleurs a une image très plate-forme, mais en arcade c’est très très moyen, surtout quand on compare un PCB dédié à une console datant de 1985. On remarque très vite que les niveaux sont extrêmement vides, avec un fond d’une couleur unie la plupart du temps, ou peu d’obstacles ou d’éléments donnant un peu de vie au jeu. On monte, on descend, on casse quelques trucs, il y a quelques ennemis qu’on écrase ou qu’on emprisonne dans des bulles, et il y a quelques items à ramasser. D’ailleurs, ces fameux items, parlons-en : c’est sympa de ramasser des gemmes, des trésors, des raisins et autres fruits ; mais en quoi ça rapporte des points de ramasser des paquets de cigarettes assez reconnaissables ? Belle image pour un jeu qui en a une très enfantine avec son héros faisant penser à un nourrisson en grenouillère qui serait en train de jouer dans sa chambre et s’imaginer cette aventure. Et puis ce HH… Pourquoi lui avoir mis une tête aussi horrible, avec ce front qui revient dangereusement vers l’avant, et ce physique pas super avantageux : on dirait vraiment un Krilin avec le front du personnage de La Linéa. Comment avoir un minimum de charisme avec ce combo fatal ? Et sa copine c’est un copier-coller avec des cheveux…
Hard Head reprend beaucoup de thèmes musicaux connus de la musique classique réorchestrés pour l’occasion. Les conversions en midi ne sont pas toujours d’excellente qualité, mais on reconnaît tout de même très bien chaque titre (du moins, si on ne connaît pas les titres, on arrive à différencier les morceaux). Ca évite d’avoir une bande-son médiocre, mais ça montre un certain aveu de flemmardise des développeurs à faire quelques musiques sympa pour égayer leur jeu. Sans être exceptionnelle, elle ne tire pas son épingle du jeu. Pour ce qui est des bruitages du jeu, on sent qu’on est dans un jeu de plate-forme, avec ces effets très enfantins et sortant totalement de ce qu’on peut trouver dans la réalité. Une petite pointe d’extravagance et d’humour aurait été sympa, mais on ne peut pas tout avoir.
Le jeu se joue avec deux boutons, A pour sauter, et B pour tirer. Les déplacements se font assez aisément avec le stick, Super Mario Bros étant passé par là. Mais les sauts demandent un temps d’adaptation (un truc qu’on ne peut pas vraiment avoir en arcade, où chaque vie est payée), car s’ils partent normalement par rapport au titre de Nintendo, une fois l’apogée du saut atteinte, il a tendance à partir légèrement plus vers l’avant avec une toute petite accélération. Même si ça ne pose aucun problème la majeure partie du temps, si ce n’est de ne pas récupérer quelques bonus qui traînent dans les niveaux, c’est un peu plus compliqué quand on s’approche d’un précipice ou qu’on veut sauter sur des ennemis. Et on perd bien souvent de la vie comme ça lors des premières parties. A noter que le saut permet de casser des cubes de pierre ou des parties en brique pour récupérer des bonus ou s’ouvrir un chemin, comme le moustachu.
Le bouton d’attaque qu’est B permet d’utiliser en général un pistolet qui lance des bulles, emprisonnant les ennemis mobiles. Lorsqu’on saute sur les ennemis emprisonnés, on gagne le double de points qu’on aurait eu si on l’avait fait sans ; si la bulle atteint le haut de l’écran, elle éclate et l’ennemi revient dans la phase de jeu. Mais vu qu’à l’intérieur de la bulle, l’ennemi ne vous fait plus de mal, s’il est trop tard pour atteindre sa tête, on peut les déplacer en les poussant. L’idée est très bonne, ressemble un peu aux bulles de Bubble Bobble, mais se révèle efficace, bien que l’attaque coupe un peu l’action du jeu et que le rayon d’action soit un peu limité (environ la moitié de l’écran). On peut, de manière ponctuelle, ramasser une nouvelle « arme », bien souvent une masse, pour casser des briques qui se trouvent devant notre personnage.
L’histoire de Hard Head est assez floue : on a peu d’informations dessus, et peu de choses ressortent durant le jeu. Tout ce qu’on sait, c’est que Hard Head a une copine qui a une maison, et qu’il doit traverser des niveaux pour taper dans un ballon et passer au suivant. De temps en temps, on peut trouver un cœur dans les niveaux, ce qui déclenche une petite cinématique hideuse entre notre personnage et sa chérie, permettant de gagner une vie. En clair, on avance sans but, tel un Rambo revenant de guerre, qui doit aller quelque part mais ne sait pas où ni pourquoi.
Les niveaux sont bien souvent très courts sur la longueur, et gagne petit à petit de profondeur car on ne fait plus qu’avancer bêtement devant nous. Mais les problèmes de sauts les font durer un peu plus longtemps, puisqu’on perd souvent de la vie bêtement sur quelques sauts et quelques moments d’inadvertance. Globalement, le jeu n’est pas plus compliqué que la plupart des jeux du genre, et c’est pas plus mal.
Globalement, on est dans une durée de vie moyenne pour un niveau de jeu de plate-forme de l’époque, à savoir moins de deux minutes si tout se passe bien et qu’on ne traîne pas dans les niveaux parce qu’on n’a pas compris que le scrolling ne va que vers la droite et que le bonus de paquet de clopes qu’on a raté est perdu définitivement pour cette vie. En sachant qu’il y a 16 niveaux, le jeu peut se finir en une demi-heure, comptez un peu plus de 15 minutes en plus si vous le faites pour la première fois et que vous avez crédits illimités. Il n’y a bien comme ça que l’idée d’aller jusqu’au bout du jeu puisse effleurer l’esprit d’un joueur sain.
Verdict : on disait à l’époque que Hard Head était un jeu hommage à Super Mario Bros… avec le recul, on pourrait plutôt dire que c’est un ersatz qu’il ne faut surtout pas comparer à ce titre culte !
bigvilo
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