Bonjour à toutes et à tous. Cela faisait longtemps que vous n’êtes pas venus me voir au coin de la cheminée. C’est dommage, car j’avais pas mal d’histoires sur le monde du jeu vidéo à vous raconter, mais depuis, je les ai oublié, et plus jamais vous ne saurez retrouver des traces de ces histoires obscures que tous ont oublié (moi aussi du coup). Mais venez tout de même, prenez un peu de thé, un gâteau Chamonix et asseyez vous sur la peau de bête qui se trouve juste là, car j’ai une petite histoire qui me vient en tête. Une histoire véridique qui plus est, mais qui est difficilement visible de nos jours.
Pourquoi ? Parce que le monde l’informatique va vite, et que l’obsolescence du matériel dans ce milieu est peut-être le plus rapide du monde. Vous avez un ordinateur dernier cri, avec un clavier et une souris sans fil ? Vous en êtes à la dixième version de Windows, avec un écran 25 pouces LED HD 2ms ? Un disque dur de 2To plus deux SSD de 250Go ? Il y a une dizaine d’années, on appelait ça une utopie, puisque tout le monde tournait sur Windows XP, avec une disque dur de 200Go et un bel écran 4/3 cathodique pour pouvoir profiter des dernières vidéos téléchargées avec eMule. Ca vous rappelle de bons moments ? C’était un calvaire d’aller sur Internet avec un ADSL encore moyen, ou alors on sacrifiait ses appels téléphoniques pour pouvoir surfer tranquillement sur les skyblogs du moment. Alors revenir 20 ans en arrière… Certains n’ont pas connu cette période où il fallait parfois bidouiller pour faire démarrer certains logiciels, et Internet il ne fallait même pas en parler.
C’est justement de cette période là dont je vais vous parler : la bureautique de la deuxième partie des années 90. A cette période là, Windows 95 règne en maître pour ceux qui ne peuvent pas avoir le dernier iMac G3, on joue au démineur, et surtout on découvre la suite Office pour tout ce qui est travail, comme le traitement de texte, les tableurs, les diaporamas…
Word, qu’on ne présente plus, est le fer de lance de cette série de logiciels de bureautique phare de Microsoft. Mais on ne va pas parler de traitement de texte, plus de tableur avec Excel. Alors ne croyez pas qu’Excel est apparu avec Windows, puisque la première version date de septembre 85 ! Mais revenons à du concret : Excel permet de faire des tableurs, des représentations graphiques, de l’analyse de données… Bref, travailler dans de bonnes conditions, et même de programmer paraît-il.
Mais il semblerait que dans la version 95 d’Excel, qu’on trouvait donc avec la suite Office pour Windows 95, on pouvait faire autre chose que tout ce que je viens de vous citer.
De petits malins chez Microsoft se sont amusés à mettre un petit quelque chose pour ceux qui perdent leur temps sur le logiciel et qui appuient sur toutes les touches de leur clavier.
Si par le plus grand des hasards, lorsque vous ouvrez une nouvelle feuille de calcul vide dans votre logiciel tournant sur Windows 95, vous descendez à la 95ème rangée et vous sélectionnez toute ladite rangée. Ensuite, appuyez sur Tab sur la colonne B, puis allez dans l’onglet « Aide / A propos de ». Tout en appuyant dessus, maintenez CTRL + Alt + Shift et cliquez sur le support technique (oui, il faut vraiment être tordu pour faire cette combinaison!). Une fois que vous faites ça, vous quittez le monde réel. Vous abandonnez ce bureau vert, ces lignes sur un fond blanc, vous décollez de votre chaise de cuisine et partez dans un monde étrange. Un monde où vos yeux pensent voir quelque chose de défini, mais qui ne ressemble à aucune autre chose vue jusqu’à présent. Une fenêtre s’ouvre, nommée « Hall of Tortured Souls« .
Une salle. Des pylônes bleus, un sol kaki, des tapis verts et des murs et plafonds gris. Devant vous se trouve une sorte de porte, donnant sur un escalier, se trouve devant vous. Ne sachant que faire, vous vous jeter sur les flèches de votre clavier, et miracle, vous pouvez aller dans huit directions directions différentes. Vous essayez de foncer vers un pylône, vous passez au travers (faut quand même être bête pour vouloir passer au travers d’un pylône, non?) ; un mur avec une fenêtre ? Idem. Par contre, un mur sans fenêtre, vous vous retrouvez emmuré sans possibilité de sortir, triste fin pour un gars qui ne voulait que gérer ses stocks.
Bref, vous allez vers l’escalier en face de vous. Bizarrement, sur les murs sur les côtés des marches, vous voyez défiler des mots écrits en lettres de sang… En haut de cette escalier, une petite pièce ronde, avec à la fenêtre d’en face, ces mêmes mots qui reviennent (on ne voit qu’un horizon rouge et gris sur celles des côtés). Pas grand chose à faire ici pour se sortir de ce bâtiment. Alors, vu que vous ne savez toujours pas quoi faire avec vos doigts, vous appuyez sur un peu tout et n’importe quoi. Alors pourquoi ne pas taper « EXCELKFA » ?! Une nouvelle pièce apparaît, pas si différente que la précédente.
Ces mêmes pylônes bleus sur les côtés, ce sol, ces tapis, mais cette fois, des murs rouges, et un passage en zig-zag noir et bleu. Peu de choses à faire, alors suivons ce chemin.
Attention à ne pas tomber, car il n’y a pas de barrière ! Si par malheur il vous arrivait cette infortune, vous retourneriez dans la pièce précédente, donc j’espère que vous avez bien noté ce baragouinage que vous avez tapé sur votre clavier il y a quelques instants. Avancez donc doucement avec les flèches.
Plus vous avancez, plus un détail vous attire l’œil, et décompose votre visage : des personnes vous attendent dans la salle du fond. Peut-être d’autres utilisateurs comme vous, qui n’ont pas réussi à se sortir de ce logiciel qui devient de plus en plus cauchemardesque… Après avoir galéré sur ce chemin qui vous a fait vous arracher une partie de vos cheveux, vous voici enfin devant le mur de l’horreur : des personnes, cinq pour être précis, sont au mur avec la même image qui se répète à chaque pan, sur un horrible fond bleu. Enfin vous pourrez utiliser la touche C pour regarder vers le bas et D pour regarder vers le haut.
Au fond de cette pièce de l’épouvante, un mur noir, une révélation : encore ces mêmes lettres formant les mêmes mots. Vous vous concentrez et vous rendez compte qu’il s’agit de noms et de prénoms : vous remarquez les noms de Carl Sable, John Terranov ou Bob Coffen. Serait-ce ceux qui ont perdu la vie de démence en ne trouvant pas la sortie ? Allez savoir…
Malheureusement, impossible d’aller plus loin. Après avoir réalisé un exploit en arrivant jusqu’ici, vous ne pouvez aller plus loin, et si vous faites demi-tour, vous risquez de tomber bien bas.
Etrange et effrayant n’est-ce pas ? Pourtant, dans ce simulacre de DooM sans arme ni ennemi, une chose simple : une façon interactive en Visual Basic de présenter les crédits d’Excel. Oui, réveillez-vous, pour rappel, on parle d’Excel ! Ce petit jeu a été fait pour remercier les développeurs en montrant qui ils sont, en plus d’avoir un nom qui défile.
Mais pourquoi « Hall of Tortured Souls » ? Tout simplement parce qu’il s’agit du nom de la fenêtre où s’affiche ce mini-jeu, aucun développeur n’a été blessé ou torturé pendant la création du logiciel. Et depuis, il semblerait que ce soit devenu récurrent sur Excel : on peut trouver un simulateur de vol dans Excel 97, ou encore un jeu de course sur la version 2000. Et c’est plutôt une chose intéressante de faire ça, car honnêtement, qui lit les crédits écrits d’un logiciel de ce genre ? Là, on n’hésite pas à chercher tous les endroits à visiter, et à tout lire pour voir s’il n’y a pas un message caché. Ou alors est-ce un moyen pour Bill Gates de prouver que toutes les personnes qui travaillent sur les différentes suites Office qu’elles sont condamnées à rester dans son entreprise, telles des âmes tourmentées ne pouvant s’échapper ?
La version pour Excel 97… … Et celle pour Excel 2000.
Une vidéo (qui n’est pas de moi) pour illustrer ce petit dossier:
bigvilo