Éditeur : Sculptured Software
Année : 1992
Support : Super NES
Le diabète fait parti d’un des grands maux de notre siècle et du siècle précédent. Même s’il est de temps en temps moqué au second degré dans South Park via le personnage de Scott Malkinson, on peut toujours en mourir aujourd’hui si on ne contrôle pas ce qu’on mange et si les contrôles de glycémie ne sont pas faits correctement. Prendre les bonnes habitudes depuis tous jeunes quand on souffre de cette maladie est important, surtout avec les moyens technologiques mis à notre disposition désormais, qui apportent un certain confort (si on peut le dire).
Maintenant que j’ai plombé l’ambiance, parlons un peu plus sérieusement. En 1992, un fournisseur américain d’insuline nommé Novolin décide de passer à l’action au niveau de la prévention et de l’explication de ce qu’est le diabète en parlant aux plus jeunes. Et quoi de mieux pour s’adresser aux enfants que le divertissement qui est en plein boom et qu’ils adorent, à savoir le jeu vidéo ? Un message pour Novolin : ce n’est pas parce qu’une maladie est sérieuse et peut devenir grave qu’il faut dégoûter tous les enfants qui n’en sont pas atteints de s’empiffrer de cochonneries avec un jeu vidéo nommé Captain Novolin sorti sur Super Nintendo et qui, en plus, peut dégoûter du jeu vidéo.
Captain Novolin est un jeu… éducatif sorti en 1992 sur Super Nintendo en Amérique du Nord, développé par Raya Systems et édité par Sculptured Software.
Le maire LeBon de la ville DesPins a été enlevé par le chef des extra-terrestres, nommé Grassouillet, qui envoie depuis le mont Wayupthar ses sujets sous formes d’aliments sucrés, pour envahir la Terre. Le maire est diabétique et s’il n’a pas sa dose d’insuline dans les 48 heures, il mourra. Captain Novolin, lui même diabétique, part à sa rescousse, tout en essayant de sensibiliser les plus jeunes aux bonnes choses à faire quand on se retrouve dans son cas (à savoir être diabétique, pas devoir sauver un maire retenu prisonnier par des sucreries).
Captain Novolin veut en mettre plein la vue à nos petites têtes blondes avec ses gros sprites d’ennemis affichés à l’écran, pour montrer que les cochonneries de supermarchés c’est le mal (m’voyez), et c’est monstrueusement dangereux pour notre santé. Alors même si le sprite de notre Captain est lui aussi plutôt gros par rapport à la moyenne de ce qu’on pouvait voir à l’époque sur la 16 bit de Nintendo, ça reste beaucoup trop gros, entraînant quelques soucis niveau difficulté dans le jeu. Les animations sont assez sommaires, puisque les sprites d’ennemis bougent assez peu, ils se déforment essentiellement quand ils sautent (en plus d’être très répétitifs : cookies, canettes de soda, donuts, céréales fantaisies… tout au long du jeu) et le personnage principal n’a que très peu d’animations également : deux sauts différents, dont un avec un balai dans le fondement, la marche et une animation pour quand il tombe en hypoglycémie. Pour ce qui est du reste du jeu, c’est assez classique des jeux de plate-formes d’époque, sans être moche, ça ne casse pas des briques.
Et au fait, vous remarquerez que les figurines des médecins entre les niveaux peuvent faire peur aujourd’hui, mais ce n’est pas si mal…
Les musiques du jeu sont de piètre qualité. Insipides, par forcément dans le tempo des niveaux, peu de variété entre les niveaux, il s’agit typiquement du genre de musiques faites à la va-vite pour ne pas laisser un jeu sans fond sonore (même si ici, on aurait presque voulu). Idem pour les bruitages, mention spéciale pour le saut du donuts, qui fait penser à tout sauf à ça. En clair, si votre bonne vieille télévision a eu les enceintes qui ont grillées il y a quelques années de ça, n’essayez pas de les réparer tant que vous n’aurez pas eu l’idée de ne plus jamais joué à Captain Novolin.
Drôle de super-héros qu’est Captain Novolin : son seul pouvoir est d’avoir le diabète. Ce n’est pas forcément un avantage pour combattre des alimentés trop sucrés, ni pour les éliminer. Mais il est vrai que le public ciblé, à savoir les enfants diabétiques, doit pouvoir s’identifier pour les garder sur le soft. Mis à part ça, Captain Novolin peut sauter en appuyant sur B, et avancer avec les flèches directionnelles droite et gauche ; il peut également se baisser, même si ça ne servira pas à grand chose (notamment à cause des hitbox des ennemis totalement foirées). Pour ce qui est de l’attaque, sachez (car personne ne vous le dira), qu’il faut sauter et immédiatement appuyer sur la flèche du bas quand vous êtes au dessus de vos ennemis. Uniquement sauter sur la tête des ennemis revient à toucher un aliment interdit qui vous recouvrirait de sucre et bonjour la glycémie trop élevée ! Bon, je plaisante, vous ne prendrez pas une douche de sucre, mais l’idée est là. En clair, vous pouvez faire une attaque venue des hauteurs et vous pouvez esquiver vos ennemis, en sautant par dessus eux ou en passant par en dessous s’ils sautent ou se baladent dans les airs. Mais pas aussi simple que ça : les déplacements des ennemis paraissent trop aléatoires, comme par exemple la barre de céréales qui accélèrent d’un coup sans prévenir, que ce soit au bord droit de l’écran ou au milieu de l’aire de jeu, ou ce chien-cookie qui anticipe vos sauts et peut vous toucher alors que vous sembliez passer au dessus de lui.
Par contre, ne pensez pas pour autant qu’il suffira de simplement foncer vers la sortie du niveau tout en évitant les ennemis pour gagner à tous les coups : il faut suivre attentivement ce que dit le médecin avant le début de chaque partie de la journée (petit déjeuner, collation de 10h, déjeuner…) et ramasser les bons aliments en bonne quantité pour que notre capitaine termine le niveau sans être sur les genoux (et être obligé de recommencer le niveau). Une chance (ou pas) pour nous que le jeu peut être mis de base en français, même si ça amène parfois à des situations un peu folles pour une alimentation saine (ou nous conseille de prendre des tartines avec du « buerre » ou tout simplement du rôti pour le petit déjeuner…). Veillez donc à ramasser les aliments en bonne quantité, et n’hésitez pas à les esquiver si vous en avez déjà assez.
L’histoire et le principe du jeu partent d’un très bon sentiment : sensibiliser les plus jeunes à prendre le diabète au sérieux, que ce soit au niveau de la nourriture, le relevé d’informations sur la glycémie et les piqûres d’insuline à prendre. Mais l’emballage n’est pas des plus affriolants : pour ce qui est de l’histoire, on incarne un super-héros qui n’a pas de vrais super pouvoirs, au contraire, il a des malus, puisqu’il ne sait pas se défendre physiquement et ne peut pas prendre tous les items positifs qu’ils croisent sur sa route, là où tous les jeux vidéo ou presque nous proposent le contraire depuis toujours (sauf quelques jeux vraiment sadiques, Captain Novolin fait-il parti de ceux là?). Et en plus de devoir sauver le maire de la ville, qui s’est fait enlever par des extra-terrestres ayant pris la forme de sucreries (!) et qui a besoin de son insuline sinon il mourra… Je veux bien être préventif, mais niveau plombage d’ambiance, on tutoie les sommets avec un pitch pareil. Et on a tout le temps des rappels à l’ordre avec les messages des médecins ou les quelques questions qu’on peut trouver au cours des niveaux en sautant sur les étoiles ou les points d’interrogation.
Gros souci du jeu : il est affreusement dur, notamment pour un enfant de moins de dix ans, clairement la cible. Le fait de ne pouvoir se défendre que difficilement contre des ennemis qui foncent sur nous, avec des patterns de déplacements pas toujours simples à assimiler, d’avoir un personnage aux déplacements lents, des sauts lourds, ne pas tout prendre ce qu’on peut ramasser sur la route sous peine de perdre bêtement une vie, et surtout, des hitbox mal calibrés, qui prendront en compte une touchette alors qu’on a déjà passé l’ennemi avec un saut ou en passant dessous à la frame prêt, font que terminer tout le jeu avec trois malheureuses vies, où l’on peut se faire toucher trois fois avant de tomber dans les pommes sans avoir la possibilité de regagner de la vie… Vous ne trouvez pas ça assez méchant envers des enfants que la vie n’a déjà pas gâté ?!
La difficulté du jeu augmente forcément la durée de vie du soft : ne comptez pas terminer le jeu en one shot, déjà terminer le niveau de la ville avant de voir le game over sera déjà un exploit en soi. En cumulant toutes vos parties, composées de morts aussi injustes qu’imméritées, vous passerez entre une heure trente et deux heures. Sinon, le jeu peut se terminer en une demi-heure, et ce sera largement suffisant vu la qualité du jeu…
Verdict : une bonne idée, mais un mauvais enrobage : voilà ce qu’on peut dire de Captain Novolin, qui a voulu suivre à la lettre les codes commerciaux des médicaments.
bigvilo
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