Éditeur : Neorex
Année : 1995
Support : Playstation
On sait tous ce qu’est un one shot. On en a assez vu dans le milieu de la musique (le Born to be Alive de Patrick Hernandez en est un parfait exemple), il y en a eu pas mal dans le milieu du cinéma (pas forcément avec le même succès), et il y en a bien entendu eu dans le milieu du jeu vidéo. On connaît tous des jeux n’ayant pas eu de suite, les méritant parfois, avec par exemple quelques « licences » Sega, qui s’y connaissait bien dans le temps avec des jeux comme Ristar, ou Treasure pour pas mal de leurs jeux des années 90.
Mais saviez-vous qu’il existe également des oneshot de studio ? J’ai trouvé assez peu d’exemples de studio n’ayant fait qu’un seul titre avant de fermer (pas facile de trouver des informations au milieu de la jungle de noms du monde du jeu vidéo), tant le titre avait un souci (et encore, un seul c’est peu dire) et a été un flop ? Si je vous dis Neorex, ça vous parle ? C’est normal pour pour deux raisons : d’une part, il s’agit d’un éditeur/développeur de jeu oneshot qui n’est sorti uniquement au Japon, et qui n’apporte aucun souvenir aux joueurs Playstation de l’époque, tout simplement parce qu’on ne peut avoir de souvenir d’un jeu vide comme Cosmic Race.
Cosmic Race est un jeu de course en 3D sorti en 1995 sur Playstation, uniquement au Japon. Dans ce jeu, on enchaîne les courses contre un rival sur des pistes aériennes avec des véhicules ayant des formes plus ou moins classiques, mais volants dans les airs. Il faudra être le plus rapide à toucher l’espèce de piñata qui se trouve à la fin de la course pour gagner.
Vous vous souvenez ? Peut-être pas si vous êtes jeune, mais rappelez vous, l’arrivée de la Playstation dans les foyers et sa 3D un peu gauche durant les deux premières années d’exploitation de la console, rappelant ce qu’il se faisait sur micro-ordinateurs en 1993. Vous sentez cette odeur de Jumping Flash ou Battle Arena Toshinden ? Et bien Cosmic Race est typiquement dans cette veine là, à savoir une 3D qui a pris un sacré coup de pelle, vide, avec des formes à l’écran pas tout à fait définies et bien entendu, sommaire. Des couleurs sans dégradées et des découpes de décors taillées à la hache, voilà ce à quoi vous aurez le droit pour les tracés du jeu, presque une succession d’images Paint. La distance d’affichage suit dans la lancée, puisqu’on ne voit pas très loin devant soi, avec un horizon bien définie qui voit les obstacles et autres autres vaisseaux arrivés au dernier moment devant votre nez (en admettant qu’on ait eu le temps de comprendre que c’était un « adversaire » mobile et pas un astéroïde). Certains trouvent un certain charme à cette 3D brute de pomme, ça a quand même assez mal vieilli et même pour l’époque, c’était moche.
Après, pour ce qui est des pilotes et de leur véhicule, comme je vous l’ai dit dans le lancement de ce test, on évolue sur des pistes aériennes, au dessus du sol (pourtant bien visible, on n’est pas dans l’espace). Alors pourquoi la quasi-totalité des véhicules ont un aspect de véhicules terrestres ? Pourquoi on peut conduire une voiture qui ira principalement à 20 mètres au dessus du sol, alors qu’on pourrait conduire des vaisseaux totalement badass à la F-Zero, mais non, on préfère rester sur le tutoriel de création du devkit de la Play plutôt que d’essayer de coller un peu à l’univers voulu. D’ailleurs, à ce propos, on peut parler de l’échelle utilisée pour les véhicules par rapport aux objets situés au sol que l’on frôle ? Ou c’est tabou ? Enfin, pour en terminer avec un énième point catastrophique qui éclate la rétine, les pilotes du jeu n’ont absolument aucun charisme, mêlant humanoïdes, robots ou assimilés et animaux, sans véritable thème ou appartenance à un groupe.
Les musiques… Les musiques de ce jeu sont insupportables. Et ça commence dès le menu du jeu, avec cette boucle un peu rapide sans thème ni personnalité, dont on a qu’une envie : qu’elle s’arrête. Par la suite, les musiques sont les mêmes sur chaque niveau d’un même monde, il faut donc se taper la même musique pendant trois courses (voir plus si on continue après avoir perdu), et la qualité ne va pas en s’arrangeant, c’est toujours aussi plat, ça ne colle pas à l’action du jeu ni aux univers qu’on traverse, en bref c’est une calamité. Pour les quelques bruitages qu’on entend au cours du jeu, comme ceux du moteur et de ses accélérations, sachez que l’impression d’être au volant d’un véritable véhicule motorisé était plus saisissante sur certains jeux de Megadrive de début de génération que dans Cosmic Race.
Avoir des sensations de conduite est juste impossible avec Cosmic Race. Déjà, par la surprise de découvrir lors de votre première course qu’on ne roule pas mais qu’on vole, ça fait un choc, et en général, on n’ira pas très loin sur la piste avant de perdre (d’une trop longue sortie de piste bien souvent). Le deuxième lancement d’une course permettra de comprendre comment le véhicule fonctionne, et c’est là qu’on se dit « mais dans quel délire les développeurs sont-ils partis ? ». Et la question est légitime, puisque l’accélération se situe sur la touche R1, et le frein sur L1 (original pour l’époque d’utiliser les gâchettes pour l’accélération et le freinage), mais les mouvements du vaisseau sont partagés entre la croix directionnelle et les boutons classiques ! Ainsi, on peut basculer ou monter avec haut ou bas ou X et triangle (de base, la direction verticale n’est pas inversée, passez par la case Set Up dans le menu si vous ne voulez pas perdre rapidement votre blindage en vous mangeant le sol régulièrement), on tourne le véhicule avec la droite et la gauche, mais O et carré servent également à virer de côté ! Et vu les trajectoires imposées par les tracés, il va falloir utiliser les deux en même temps bien souvent, et quand les vieux réflexes de jeux de course reviennent et qu’on n’utilise que les flèches, on finit bien souvent en dehors de la piste. Note : R2 et L2 servent à tourner la caméra à droite ou à gauche, et sachez qu’elle reste fixe dans la direction dans laquelle vous l’avez mise, c’est important de le savoir ; Select permet de changer la vue, mais restez en Vue B, c’est un conseil pour la santé de vos yeux et celle de vos nerfs.
Je reviens sur les sorties de piste : sachez que le timer qui se situe en haut de l’écran est le temps qu’il vous est alloué en sortie de piste, s’il atteint zéro, c’est game over, même si vous êtes en première place à quelques mètres de l’arrivée. Frustrant les premiers temps, il le restera en progressant dans les divers environnements du jeu, surtout quand il commence à y avoir des pièges en dehors de la route définie, qui vous attire loin du chemin conventionnel. D’autant plus rageant que si vous êtes trop haut par rapport au sol, votre véhicule perdra en vitesse, et en gagnera très difficilement (en clair, c’est la fin de course assurée dès que vous êtes pris dans ce genre de piège). Car oui, pour être à sa vitesse maximum, il faut raser le sol, avec les dangers que ça implique (se prendre un obstacle, un dénivelé ou quelque chose que l’œil humain ne peut définir devant peu de pixels pour une aussi grosse chose). Une idée pas si mauvaise sur le papier, mais vu qu’on va passer une bonne partie de son temps assez haut sur la piste pour ne rien se prendre… C’est le nerf de la guerre là. Ne pas oublier également la barre de solidité de votre engin, située en bas à gauche de l’écran, qui se videra en fonction des collisions que vous prendrez durant la course ; collisions qui d’ailleurs sont extrêmement mal gérées
Et puis pour finir, avec cette prise en main pas vraiment ergonomique, couplée aux graphismes laborieux et aux bruits des moteurs proches de ceux d’une tondeuse à barbe, ne cherchez pas une impression de vitesse dans Cosmic Race. A part peut-être le vomi qui s’en suit.
Au programme du jeu : quatre mondes différents, avec divers courses à réussir à chaque fois, pour un total de 33 courses (avec toutes les variables et le mode course libre, pour se balader dans un monde sans but [et devoir appuyer sur Reset pour revenir au menu]). On peut utiliser un des cinq pilotes pour arpenter les pistes du jeu. Sur le papier, le contenu peut faire saliver, notamment pour l’époque, où on trouvait beaucoup trop de jeux avec peu de circuits ; sauf que comme je l’ai dit, il y a des variations de courses, qui finalement donnent l’impression de refaire toujours les quatre même. Pas de championnat, que des un contre un (sauf en time attack) où on doit impérativement gagner pour passer à la course suivante (des continues infinis sont disponibles pour reprendre à la course qu’on vient de perdre).
Du fait d’une prise en main catastrophique, d’un système de circuit où le hors piste est pratiquement interdit et surtout une piñata a détruire plutôt qu’une ligne d’arrivée, en plus d’avoir des adversaires qui deviennent de plus en plus exigeant et qui demandent de finir souvent au ras du sol (et donc de se prendre un paquet de trucs dans la tronche), le jeu n’est clairement pas facile. Et même au début, déjà pour se faire à ce système de jeu totalement lunaire et mal pensé, il faudra un paquet de courses d’adaptation (et juste pour la première course!). Comme je l’ai dit, la difficulté est grandissante, le timer de sortie de route diminue en progressant dans les environnements et des effets de jeu s’ajoutent avec le temps. Bref, c’est assez compliqué, ça casse beaucoup de codes des jeux de course (et pas dans le bon sens) et ça n’en vaut pas vraiment la peine.
Pour ce qui est de la durée de vie, avec le mode de jeu campagne joueur où il faudra battre son adversaire en un contre un, le contre-la-montre si on veut s’entraîner (et se faire à ces contrôles spéciaux), un versus contre un autre joueur et même un mode tag battle. Alors pour les deux modes multi, je ne sais pas comment ils fonctionnent, s’il fallait passer par le port série ou non (je dirai que non, car le choix du deuxième participant en versus se fait sur le même écran que le premier) car je n’ai trouvé personne qui acceptait de toucher à ce jeu. Je me demande bien pourquoi…
Verdict : après quelques heures de jeu, voir même à partir de quelques minutes, on comprend pourquoi Cosmic Race est considéré comme le plus mauvais jeu de la Playstation.
bigvilo