[LOOSE TEST] NARC

Éditeur : Acclaim

Année : 1990

Support : NES

La drogue c’est mal, m’voyez. Mais pas que la drogue tu vois, être un punk, un psychopathe, un exhibitionniste ou un revendeur d’armes, c’est tout aussi mal. Et on en parle pas assez, parce qu’il y a en marre de ces plombiers qui prennent des champignons hallucinogènes ou ces revendeurs d’armes à la sauvette dans des zones sinistrées espagnoles remplies de zombies ! Dans quel monde vivons nous ?! Bref, tout ça pour vous dire que combattre le mal et ramener la bonne manière de pensée était monnaie courante dans les jeux vidéo des années 80-90, où tout le monde voulait être le héros qui combat le mal à main nue. Les syndicats du crime étaient souvent représentés comme le mal absolu, et chaque punk nous rapprochait un peu plus de Satan.

 

En 1988 sort dans les salles d’arcade le jeu NARC, une sorte de run & gun édité par Williams nous proposant d’incarner un agent de la Narcs, Mark Force, qui va devoir sauver la ville de trafiquants et de psychopathes au service du baron de la drogue local. Le jeu est très joli, proposant un processeur 32 bit permettant de faire des graphismes à base d’images digitalisées. Le rendu est très joli, et également très gore. Fort du succès en salle d’arcade, il fallait que le titre soit porté sur consoles de salon, avec la perte de qualité que ça implique, et c’est ainsi que NARC arriva sur NES.

NARC est un run & gun sorti en 1990 sur Nintendo NES et est donc un portage du jeu d’arcade du même nom. Dans ce jeu qui se joue seul ou à deux, on incarnera Max Force et Hit Man, membres du Narcs, pour débarrasser la ville des trafiquants, des meurtriers, des punks et de leurs chiens enragés.

Bienvenue dans la version du pauvre d’un jeu d’arcade. Une fois n’est pas coutume, rendre un jeu d’arcade avec un PCB dédié dans une cartouche des quelques dizaines voir centaines de kilo-octets oblige à trancher dans le gras. Et pour NARC, visiblement, même l’os a été rongé. On oublie complètement les personnages en digits avec une arme dans chaque main et des décors soignés pour des ennemis dont les développeurs n’ont même pas pris le soin de faire du swap color pour les trois-quatre mêmes ennemis, des animations dignes d’un jeu fait à la va-vite en une après-midi (c’est peut-être le cas après tout) et surtout des couleurs qui ne font absolument pas penser à une ville souillée par la criminalité et le non-respect d’autrui. Comment voulez-vous qu’on combatte le crime dans ces conditions là ? Les environnements donnent l’impression de se répéter constamment : une rue avec quelques bâtisses derrière, une phase en intérieur, une autre phase en extérieur et on termine le niveau, pour en commencer un suivant qui part sur le même principe, sans être plus lugubre. Dernier point qui change radicalement de la version arcade, et qui en faisait une partie de son fun (si on n’est pas trop prude) : l’archi-violence du jeu, avec des mecs qui explosent, le sang qui gicle, les ennemis qui grillent au sol, des clowns en tenue d’internés avec des couteaux, les plants de cannabis dans une ferme hydroponique… Tout ça a pratiquement disparu, même le gars avec sa carabine qui ferait penser au héros d’Evil Dead. Au mieux, on a un chien style lévrier qui vient nous mordiller le mollet et qui repart tel un teckel, à la place d’un pitbull qui n’a visiblement rien mangé depuis quelques jours qui explose.

 

La version arcade de NARC proposait assez peu de musiques différentes (si ce n’est pas du tout, on a l’impression d’entendre tout le temps le même fond sonore), mais elle avait au moins le mérite d’apporter un véritable rythme au jeu, très speed et brutale à la fois. Forcément, sur NES, il faut des concessions, de grosses concessions : la musique n’a plus du tout le même fun car elle n’est pas samplée de la version borne. Elle reste tout de même assez speed pour garder le joueur dans un certain niveau d’action (qui ne suit pas forcément à l’écran, notamment parce que la console ne peut pas afficher autant de sprites à l’écran que la version originale). Par contre, c’est dans une autre partie sonore que le jeu perd toute sa saveur : les bruitages. A l’origine, on a des voix digits pleines d’insultes et des coups de feu et autres explosions plutôt réalistes pour l’époque. Là… C’est vraiment une version Eco+, une vraie régression auditive : on prend tout ce qu’on connaissait du jeu, et on diminue la qualité et la diversité par 1000. Donc en clair, on se retrouve avec des bruitages qui ne ressemblent à rien et on oublie les voix digitalisées. Oui, si les bruitages pouvaient être désactivées, il aurait fallu le faire pour ne pas agressé nos tympans.

Je vais encore une fois faire l’analogie avec la version arcade d’origine, forcément puisque cette critique consiste essentiellement à faire comprendre que ce portage est très loin du jeu dont il est issu. Pour ce qui est des boutons utilisables pour progresser dans le jeu, vu que la manette NES n’a que deux boutons d’action utilisables, il faut ruser : la touche A permet deux actions, si on appuie brièvement dessus on envoie un missile, alors qu’en restant appuyer on tire avec son flingue ; et la touche B permet en restant appuyer de se baisser et en appuyant brièvement de sauter. Ca peut paraître un peu compliquer c’est vrai, mais on s’y fait après pas mal de parties, sauf quand on rage parce qu’on voulait envoyer une roquette contre un groupe d’ennemis qui fonce droit sur nous alors que Max a juste dégainé son arme (ça le fait si on appuie pas assez brièvement sur la touche de tir). Frustrant oui. A noter également qu’on peut décider d’arrêter les voyous plutôt que de les tuer, pour gagner plus de points (et éventuellement gagner une vie tous les 100000 points à la fin d’un niveau), mais pour cela, il faut venir au corps-à-corps avec les adversaires ; en restant à peu près deux secondes sur eux, il se laisseront arrêter après avoir levé les mains. C’est assez suicidaire par moment, mais ça vient directement de l’arcade, il faut risquer sa vie pour scorer. A vous de voir si le jeu en vaut la chandelle et si les balles ne sifflent pas trop à côté de vous pour vous approcher des méchants.

Le jeu se déroule en vue de côté, avec des déplacements d’un beat’em all style Double Dragon ou Streets of Rage : on peut donc se déplacer sur plusieurs plans, tant qu’on reste dans l’aire d’action. On peut donc se déplacer de droite à gauche (le scrolling ne bloque pas si on revient en arrière) et de haut en bas. Par contre, ce dernier déplacement nous fait souvent du souci, notamment à cause de la hitbox du personnage qui est ratée par rapport à la version arcade, puisque c’est souvent qu’on se prendra une balle qui ne se trouve pas sur notre plan, et la vie baisse très (trop) vite dans ce jeu. Voila pourquoi aller au corps-à-corps avec ses adversaires devient difficile, surtout quand ils commencent à faire les fous de la gâchette.

 

Pour ce qui est du scénar’, on est dans une configuration typique d’époque : les forces spéciales doivent éradiquer le trafic, les voyous et les punks à chien de la ville, de gré ou de force, afin que la mafia ne triomphe pas et transforme les rues en zone de non-droit. Il faudra parcourir les niveaux en cherchant à chaque fois un nouveau style de méchants citoyens, qui viendront s’ajouter aux précédents. Au final, il faudra aller jusqu’au siège du syndicat du crime local pour battre le parrain du groupe (et prendre son argent), Mr Big, qui prend ici une forme de robot squelette au grand cou. Rien ne change vraiment sur le fond du jeu, c’est simple et efficace.

Il n’est pas possible de changer la difficulté de NARC, qui de base donne l’impression d’être élevée. Alors si on veut, on peut tracer chaque niveau sans trop se soucier de qui doit être arrêté ou abattu, mais pour certains passages, notamment en intérieur où il faut ramasser des cartes magnétiques pour passer à une autre partie du niveau ou tout simplement le terminer. Le petit souci de hitbox nous fait perdre également pas mal de vie pour rien, surtout que chaque impact sur notre personnage le stoppe, et ne lui donne pas de frame d’invulnérabilité, donc on peut se faire enchaîner par 5-6 balles d’affilées pour un léger mauvais placement. Certains ennemis posent quelques problèmes, comme les toxicos et leurs seringues qui se dirigent vers vous même si vous n’êtes pas sur le même plan, ou ces voitures qui font fi des trottoirs pour venir vous écraser, en passant par les personnes en chaise roulante qui se déplacent rapidement et dans tous les sens. Mais si on sait esquiver les balles un minimum et ne pas trop s’attarder sur certaines zones, on peut tracer certaines parties de niveau sans avoir à dégainer son arme (mais du coup le total de points pour regagner une vie en fin de niveau se fera bien moindre). A noter qu’à deux joueurs, il n’y a pas plus d’ennemis à l’écran, ça peut être utile…

 

Il faudra galérer un paquet de fois avant de voir la fin du jeu, le temps d’apprivoiser la prise en main un peu trop chargée pour une si petite manette, la hitbox capricieuse, les ennemis qui poppent à l’infini dans les zones et où trouver certaines cartes d’accès. Cependant, le jeu peut être terminé en moins de 30 minutes, voir même une vingtaine de minutes pour les plus talentueux. Mais après combien d’heures passées dessus… ça, c’est une autre histoire. Comme je l’ai dit juste avant, il est possible de jouer à deux en coopération, il suffit simplement de brancher une seconde manette et d’appuyer sur Start à n’importe quel moment du jeu, sans avoir à le faire dès le début.

Verdict : NARC sur NES est l’exemple parfait d’un jeu d’arcade à l’origine fun mais pas dénué de défaut, qui finit avec un portage bas de gamme sur consoles de salon pour faire écho au succès en salle.

bigvilo

Retrouvez l’émulateur et la rom du jeu sur Nintendo NES chez notre partenaire 

Émulateur: http://www.gametronik.com/site/emulation/nes_famicom/

Rom: http://www.gametronik.com/site/fiche/nines/NARC%2520%2528USA%2529/

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