Date de sortie française: 10 octobre 1991
Editeur: Nintendo
Genre: course
Support: Gameboy
Les premiers jeux qu’on recevait étant gosse sont assez marquants, on s’en souvient tous un peu. Et si en plus c’est le Papa Noël qui nous les apporte, c’est encore mieux. Et si encore le Papa Noël vous les apporte juste avant la terrible tempête qui a traversé la France durant les fêtes de fin d’année de 1999, ça reste à jamais graver dans la mémoire. Durant cette période là, je me trouvais en Gironde, un des départements français où le vent a soufflé bien plus fort que dans les terres, et même si la maison de mes grands parents a réussi miraculeusement à rester indemne (je me souviens que ce soir là on était dans la véranda de la maison, et que les vitrages se déformaient dangereusement), le reste du village où je me trouvais avait des allures de fin du monde, car plus d’électricité pendant une semaine, magasins fermés (ou ouvert juste par une fenêtre pour la presse du coin), voitures défoncées par des branches ou des tuiles qui s’étaient envolées, voir même d’énormes pins qui barraient les routes, en ayant pris soin d’arracher les lignes téléphoniques et électriques situées en bord de route. Mais dans ces moments-là, on est content d’avoir reçu deux jeux sur Gameboy, car la console n’a pas besoin d’électricité pour fonctionner, juste des piles, que tout le monde avait encore chez soi à l’époque en dehors des télécommandes d’écran TV.
Je reçus donc deux jeux à ce moment : Le Monde Perdu (dont j’ai déjà fait une chronique rétro il y a quelques temps de cela) et un jeu de formule 1 made in Nintendo que je possède toujours, et qui me fait plaisir de le démarrer, même si maintenant je le connais par cœur : F-1 Race.
Comme vous pouvez vous en doutez, F-1 Race est un jeu de course, plus précisément de Formule 1, édité et développé par Nintendo et sorti chez nous en 1991. Comme tout bon jeu du genre, on participe à une championnat composé de neuf circuits différents, et le but est de terminer premier pour accéder à la course suivante. Et moi, quand j’avais neuf ans, finir neuf courses en étant premier, c’était un chemin de croix. Mais Nintendo a pensé à nous, petit enfant qui allions galérer, en proposer de la nitro en quantité limité pour aller plus vite. Mais bon, on pouvait également passer des heures dans la section Time Trials pour apprendre les virages et autres chicanes fourbes de chaque circuit.
Et bah vu qu’il n’y a plus de courant, plus de chauffage et que j’ai déjà fait mes devoirs, c’est parti pour une session de course dans une pièce suffisamment lumineuse pour que je ne m’arrache pas les jeux comme quand on se retrouve tous ensemble dans la famille autour d’une vieille lampe à pétrole qu’a retrouvé mon grand-père dans son garage et la lumière orange de la cheminée pour jouer aux jeux de société que j’avais eu dans une mallette en contenant plusieurs (qui nous a bien sauvé il faut l’avouer). Enfin je vais avoir un jeu de course sur ma console préférée du moment (faut dire qu’à l’époque j’avais ça et une Atari 2600 Jr, certes avec Pole Position II, mais ça date quand même de bien avant ma naissance ce truc), ça va aller vite, ça va jouer des coudes et je pourrai soulever la coupe ! Mais tout ça, ce n’est pas pour tout de suite, car étant encore jeune et fougueux, j’ai d’abord fait des courses sans utiliser la nitro, ce qui me faisait termine en quatrième voir troisième position sur la seule course que je pouvais faire en championnat, à savoir l’Australie, ce que je ne comprenais car je faisais des courses sans me faire toucher une seule fois par un adversaire.
Mais quand j’ai découvert la nitro, ça a été encore pire… Je l’utilisais partout, en ligne droite, dans les virages serrés, du coup je finissais bien souvent dans les dernières places, car je me prenais presque tous les panneaux qui se situent en bordures de course. Bref, y’a du boulot… Mais vu qu’il n’y a que ça à faire, je fais des tours en boucle, jusqu’à arriver à une stratégie d’utilisation du boost qui va changer ma manière de jouer (et qui paraît absolument évidente aujourd’hui) : utiliser le boost dans les lignes droites dès que possible, et rouler normalement dans les virages, en essayant de serrer vers l’intérieur du virage (vu qu’avec la force centrifuge, on est attiré vers l’extérieur, et qu’à l’extérieur on trouves panneaux qui nous font faire un petit accident et perdre pas mal de secondes). Et là, tout a changé : j’arrive à terminer la première course, et cette technique me donne accès à d’autres circuits, dont le suivant au Canada.
Pris totalement dans le jeu, avec son impression de vitesse grisante (je vous rappelle que j’ai 9 ans et que je n’ai pas de Playstation ou de Windows 98) et ses graphismes pas dégueu (notamment pour les phases en dehors des pistes, où on peut voir les pilotes et même quelques personnages de l’univers Nintendo), je ne joue presque qu’à ça, histoire d’aller le plus loin possible, chaque nouvelle course étant un véritable défi et passer la voiture de tête (légèrement différente des autres) pour prendre la première place, en sachant qu’on est parti en fin de grille, apporte une joie incommensurable. Même si on retrouve des phases identiques dans chaque course (après la ligne droite du départ, toujours ou presque un virage moyen à droite, des chicanes dans le même sens qu’on peut anticiper presque facilement finalement…), il faut parfois faire preuve de stratégie car on ne gagne pas toujours la course les doigts dans le nez, il faut parfois se battre jusqu’au dernier mètre, jusqu’à la dernière goutte de nitro pour obtenir le Saint Graal. Même si se prendre un panneau de bord de route n’est pas éliminatoire à coup sûr (bon, si on se le prend dans le dernier virage et que le premier file vers l’arrivée, c’est mort), on repart sur le bitume avec un handicap, surtout dans les courses avec peu de lignes droites (comme par exemple le circuit en Afrique).
Mais on nous tend un peu la main pour nous faire comprendre comment aborder certaines courses : il suffit de voir les deux types de véhicules proposés avant chaque départ. La voiture en type A a une vitesse maximale classique de 280km/h et de 360 avec la nitro, alors que la voiture en type B a une vitesse maximale classique de 320km/h, mais avec nitro va à 350km/h max, ce qui fait que le premier modèle est plus optimal pour une course ayant beaucoup de lignes droites pour activer le boost, alors que le second sera plus performant dans une course où il est difficile d’activer le nitro et où il faut rouler avec les gaz classiques. Et grâce à cette technique, on peut s’en sortir avec plus de facilité, le choix n’est pas qu’esthétique (même si une fois en course, on ne voit pas la différence) et peut avoir une importance cruciale.
Il y a aussi quelque chose d’important, qui pour aujourd’hui semble plus que logique mais à l’époque c’était rare, surtout pour un simple jeu de course : une pile de sauvegarde. On n’est pas obligé de se taper neuf courses (et de les réessayer jusqu’à ce que ça passe) d’affilé pour finir le jeu. Une fois qu’on a terminé la course et vu Mario, Link ou encore Samus nous saluer pour notre belle course, on peut tranquillement éteindre sa console parce qu’il commence à faire nuit (et je le rappelle, il n’y a plus de courant donc pas de lumière), pour la reprendre le lendemain, en espérant qu’on n’aura pas perdu le coup de main le lendemain. Je vous aurais bien dit que je laissais le son du Gameboy tourné sans regarder les images, histoire de m’en souvenir et que la musique du menu me marque à jamais dans ma vie de gamer, mais… ma console n’a jamais eu le son (et ne parlez pas de réparation, pour rappel dans cette histoire, j’ai 9 ans) ! Du coup je m’imaginais des bruits de Formule 1 tout droit sorti du Grand Prix de France (car Magny-Cours faisait encore parti du championnat du monde à l’époque) ou de Monaco, avec des cris de joies lorsque je montais sur le podium. Plus tard, quand j’ai eu mon Gameboy Color vert, j’ai découvert le son pour ce jeu ; on était quand même loin des performances sonores auxquelles je pensais, mais ça a quand même de l’allure, avec un bruit de boost qui donne l’impression de passer le mur du son.
Au final, après les vacances de Noël les plus bizarres que j’ai passé de ma vie, dans une ambiance post-apocalyptique où la débrouille entre voisins n’a jamais été aussi intense, la lumière est revenu, la télévision et son concert de Céline Dion diffusé sur TF1 avec 24h de retard le premier de l’an 2000 au soir et surtout un peu de chauffage, j’ai réussi à finir le jeu et ses neuf courses intenses qui, sans être originales, m’ont véritablement marqué. Je l’ai recommencé et fini une dizaine de fois au cours des années 2000, d’une part parce que j’ai adoré ce jeu et parce qu’un jeu coûtait 250 francs, ce que n’avait pas un enfant encore à l’école primaire au début du nouveau millénaire. Mais ça ne s’arrête pas là. Quand je fais des tests, je ne vais pas forcément au bout des jeux, surtout quand je les connais ; en général, j’avance jusqu’à avoir assez de screens pour illustrer mes textes, mais là j’ai poussé le vice jusqu’à refaire le jeu à fond. Alors certes, le jeu n’est pas long, si on est un champion et qu’on a parfois un peu de chance, on peut finir le jeu en une heure. Mais ça n’a pas été mon cas, j’ai galéré et trimé pour arriver enfin à la course aux Pays-Bas, à recommencer encore et encore, à en arriver au point de presque hurler parce que je n’avais plus de piles et qu’il restait deux virages pour finir premier, j’ai eu la forme de la touche A gravée sur mon pouce pendant des semaines et des semaines… Mais c’était pour la bonne cause, et je ne regrette rien lors de mon retour en R19 vers chez moi.
Verdict:
Graphismes: 6.5/10
Son: 6.5/10
Prise en main: 8/10
Durée de vie: 7/10
F-1 Race est de ces jeux qu’on oublie un peu trop facilement, mais qui cache un certain potentiel, notamment par une prise en main simple et assez précise, des graphismes typiques de l’époque et un challenge intéressant. Et puis pourquoi se passer de ce jeu, en sachant qu’on peut jouer jusqu’à quatre avec l’adaptateur et des câbles Link ?!
Test posté à l’origine sur par bigvilo le 31/05/16.
bigvilo