Éditeur : Mindscape
Année : 1987
Support : Nintendo NES
Dans les années 80, on est noyé dans la masse de films dits « urbains » qui sortent, où les justiciers solitaires essayent de rendre ce monde un peu plus meilleur en neutralisant des voyous qui essayent de faire la loi. On peut penser à des films comme Robocop, Les Guerriers de la Nuit ou Le Justicier de Minuit. On découvre de grandes villes aux quartiers mal famés, remplis de dealers ou de racketteurs, qui heureusement se font remettre à leur place, bien souvent dans un bain de sang et de coups de feu.
C’est dans cette ambiance morbide et sombre que je vais vous présenter un jeu qui s’inspire de cet univers où seul un homme, sans aide des forces de l’ordre, doit rétablir le calme dans le quartier qu’il affectionne tout particulièrement, et dont il ne cédera pas un centimètre aux bandits, quitte à avoir l’air ridicule : Bad Street Brawler sur NES.
Bad Street Brawler est un beat’em all 2D sorti en 1987 et développé par Beam Software.
Vous y incarnez Duke Davis qui, même s’il a le même prénom, la même allure et (presque) le même maillot que Duke Nukem, n’a pas la même passion que lui (on oublie donc les mousses et les boobs). Il veut cependant parcourir les rues de sa ville pour neutraliser les gangsters présents qui sont trop agressifs envers les gens biens à son goût.
Les graphismes ne font pas tout il paraît (peut-être un peu moins aujourd’hui si on suit les tendances de ventes de jeux). Et c’est peut-être le cas avec Bad Street Brawler. En effet, mis à part ces deux zones violettes en haut et en bas de l’écran qui gâchent une bonne partie de la résolution de l’aire de jeu car trop massif et assez inutile , le reste n’est pas si moche que ça pour un jeu de NES sorti en 87. Les niveaux sont corrects et variés, avec quelques détails ça et là (des lampadaires, des bites d’amarrage, des saletés au sol…) pour donner du réalisme aux environnements, les ennemis utilisent assez peu le swap color (mais se répètent beaucoup une fois qu’on les a rencontrés) et l’action reste assez lisible. Bon, on peut quand même regretter le sprite du héros qui sent bon la copie de Hulk Hogan en mois baraqué avec sa grenouillère jaune. Imaginez qu’un gars en grenouillère jaune avec des bottes et des cheveux de la même couleur se balade dans les rues de votre ville pour faire régner l’ordre, vous réagiriez comment ?
Les musiques dans ce jeu sont bien une chose dont on se serait passée. Elles sont juste atroces, prises de tête, ultra-répétitives et sans personnalité : on l’impression d’entendre toujours la même, alors qu’il y en a bien une différente à chaque niveau. Et puis elles ne collent pas vraiment à l’action, elles sont trop souvent trop gentillettes et guillerettes pour être posées dans un beat’em all, surtout où on nous dit qu’on doit nettoyer le quartier au Kärcher. Pour ce qui est des bruitages, on est dans du typique pour de la NES, pas immondes mais pas exceptionnels non plus.
Manette oblige, Bad Street Brawler se joue avec deux boutons, A et B, en n’oubliant pas de sauter avec la flèche du haut (oui, pas de déplacements en 3D). Les développeurs ont tenté quelque chose de risquer en changeant les coups attribués à chaque bouton à chaque niveau : par exemple, dans le premier niveau, B permet de donner des coups de poing et A permet de donner des coups de pied vers le bas ; mais dans le deuxième niveau, B permet de venir chatouiller les pieds de l’adversaire (lui enlevant plus de vie) et A permet de faire un coup de pied sauté. En clair, il faut réapprendre à utiliser chaque coup à chaque niveau, car la distance d’attaque, l’invulnérabilité que le coup confère sa puissance et son temps d’utilisation ne sont pas les mêmes à chaque fois, ce qui est assez déconcertant. Les combats sont assez spéciaux du coup, d’autant plus qu’à chaque fois qu’on se fait toucher ou qu’un ennemi se fait toucher, il recule, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de combo et aussi que vous pouvez vous faire toucher deux voir trois fois de suite par deux ennemis qui vous entourent alors qu’ils sont assez éloignés pour ne pas vous toucher en même temps de prime abord (phénomène de la boule de flipper). On peut donc bêtement perdre pas mal de vie et de temps pour rien, ce qui peut être embêtant juste avant une fin de niveau.
Les niveaux disposent d’un timer, bien souvent un peu juste niveau secondes conférées au temps de jeu pour finir. Donc ne cherchez pas forcément à éliminer tous les ennemis qui arrivent, vous perdrez de précieuses secondes qui risquent de vous manquer quand vous arriverez à la fin du niveau où il y a un ennemi plus puissant à battre. Il faudra tout de même en neutraliser certains dans les zones (qu’on peut voir avec ces espèces de bâtiments orange dans la partie haute de l’écran) pour passer à la suivante. Mais le système vous pousse quand même à essayer d’en battre le plus possible, d’une part parce qu’ils vous attaquent et vous font perdre des points de vie, récupérable à certains endroits du niveau avec un pervers sexuel qui ouvre son imperméable pour vous faire voir son petit oiseau que vous devrez toucher pour avoir de la vie (d’ailleurs, pourquoi c’est pas plutôt à lui qu’on casse la gueule?!), et parce que certains laissent des objets bonus qui vous rapporteront des points en fin de niveau, points pouvant être transformés en continue si vous en obtenez un certain nombre.
Pour l’histoire, c’est juste un gars qui a trop regardé la WWF et qui se prend pour Hulk Hogan qui veut aller casser la figure tout seul des loubards du coin à main nue, histoire de voir ses concitoyens vivre paisiblement dans leur ville. La violence par la violence, comme bien souvent dans les BTA, mais c’est ce qu’on demande après tout !
Une fois qu’on a assimilé pas mal d’éléments de gameplay, à savoir le temps limité, les coups changeant à chaque niveau, l’invulnérabilité de l’exécution de certains coups et les hitbox et attaques de certains ennemis récurrents, Bad Street Brawler ne devient pas si difficile de ça, d’une part parce qu’on trace sur une bonne partie du niveau pour gagner du temps et parce qu’on sait quand attaquer pour ne pas se faire toucher. Mais l’erreur reste humaine, et certains ennemis sont plus coriaces qu’on ne le pense et nous enlève plus de vie que d’autres. Rien d’insurmontable cependant, même si quelques game over rageants seront nécessaires pour espérer obtenir un certain skill.
Les quinze niveaux que composent le jeu peuvent se finir assez rapidement, tout simplement parce qu’il y a un timer qui nous limite dans le temps accordé à chaque niveau et qu’on ne peut pas en regagner. En sachant que la moyenne du temps d’un niveau est 109 secondes, faites le calcul : on peut finir le jeu en moins d’une demie-heure ! Mais vu qu’il n’y a pas de système de sauvegarde et que quand on perd un vie (on commence avec deux vies) on recommence le niveau en entier, qu’on ne finira sans doute pas le jeu d’une traite lors de la première partie, on peut rajouter presque le double pour le finir une première fois.
A noter que le jeu est un des rares à être configuré pour le Power Glove, mais que dans ce cas la purge est totale, d’une part parce que la détection de mouvements est mauvaise, et parce que c’est tout simplement injouable.
Verdict : Bad Street Brawler est un beat’em all trop moyen pour être resté dans les mémoires. Mais vu sa prise en main spéciale, ses musiques vraiment pas top et son système de temps pouvant être punitif, c’est pas plus mal.
bigvilo
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Rom: http://www.gametronik.com/site/fiche/nes_famicom/Bad%2520Street%2520Brawler/